[12/09/2007 16:31:51] VIENNE (AFP) L’Opep a donné un gage de bonne volonté aux pays consommateurs à Vienne mardi en décidant d’apporter un demi-million de barils supplémentaires au marché, mais cela ne sera sans doute pas suffisant pour apaiser les tensions sur les approvisionnements cet hiver. Le cartel a augmenté de 1,4 million de barils par jour son plafond officiel de production. Dans les faits, cela revient à mettre sur le marché quelque 500.000 barils de plus, car le cartel dépassait déjà son plafond de près d’un million de barils. Cela n’a pas suffi à calmer le marché de l’or noir: le cours du baril de pétrole s’envolait à plus de 79 dollars mercredi à New York, un nouveau record historique, alors que le département américain de l’Energie a annoncé une nouvelle chute des stocks de pétrole brut. “C’est un geste, mais il n’est pas suffisant et arrive sans doute trop tard”, a estimé Harry Tchilinguirian, analyste à la banque BNP-Paribas. En relevant de 1,4 million de barils par jour son plafond, l’Opep n’a fait en définitive qu’annuler la quasi totalité des coupes décidées fin 2006, qui s’élevaient à 1,7 million de barils. “Ce signal est important mais nous espérons qu’ils vont faire plus”, a remarqué Lawrence Eagles, chef analyste de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), qui représente les intérêts énergétiques des pays de l’OCDE. L’AIE réclame depuis des mois une augmentation de l’offre de l’Opep pour faire face à la croissance de la demande mondiale, en particulier à l’approche de l’hiver. Selon son dernier rapport mensuel pétrolier, paru mercredi, il faudrait encore 1,5 million de barils de plus d’ici la fin de l’année pour équilibrer l’offre et la demande. La décision intervient également très tard: les 500.000 barils de brut frais mis sur le marché à compter du 1er novembre n’arriveront sans doute pas à temps, au vu des mois nécessaires pour acheminer le pétrole. Cette demi-mesure laisse au cartel le temps d’évaluer l’impact de la tourmente financière actuelle sur l’économie mondiale avant d’envisager une hausse de production plus substantielle. “Nous allons réévaluer la situation” à Abou Dhabi, lors de la prochaine réunion extraordinaire prévue le 5 décembre, a souligné l’organisation mardi. Le cartel n’a pas oublié le scénario catastrophe de la crise asiatique: il avait relevé sa production de 10% pour finalement voir le prix du baril s’écrouler jusqu’à 10 dollars en 1999. Il craint que la demande mondiale d’or noir ne soit affectée par le ralentissement économique mondial qui pourrait découler de la crise financière actuelle. L’AIE elle-même reconnaît dans son rapport que les effets de cette crise “doivent encore être évalués”. Jugeant “probable que les conditions du crédit aux Etats-Unis et dans d’autres pays développés se resserrent”, elle a indiqué qu’elle “pourrait réviser ultérieurement la prévision pour 2008”. La décision de l’Opep a aussi une portée diplomatique. En ralliant à sa cause les pays les plus hostiles – dont le Venezuela et l’Iran, les faucons qui étaient hostiles à toute hausse, et en conflit ouvert avec les Etats-Unis – l’Arabie saoudite a prouvé qu’elle restait le chef de file du cartel. Une bonne façon aussi pour Ryad de soigner sa relation avec Washington, dont il est un allié historique. Le Venezuela a dû ravaler son dépit: à l’issue de la conférence, le ministre de l’Energie et du Pétrole, Rafael Ramírez, s’est déclaré très “satisfait”. |
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