L’euro atteint un nouveau record historique face au dollar

 
 
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Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort le 6 juin 2007 (Photo : Martin Oeser)

[12/09/2007 19:49:15] NEW YORK (AFP) L’euro a dépassé mercredi pour la première fois le seuil de 1,39 dollar, aidé par les perspectives de hausse des taux d’intérêt en zone euro qui contrastent avec les attentes d’assouplissement monétaire aux Etats-Unis, où l’économie est en net ralentissement.

La devise européenne a grimpé peu après 16H00 GMT jusqu’au niveau jamais vu de 1,3914 dollar.

Vers 18H15 GMT, elle valait 1,3906 dollar.

Le dollar est fragilisé par les inquiétudes entourant l’économie américaine, en net ralentissement, au point que certains analystes évoquent le spectre de la récession. Pour la première fois depuis quatre ans, l’économie américaine a par exemple détruit des emplois en août.

Au plus fort de la crise du crédit, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait tout juste consenti à baisser son taux d’escompte, mais pas son principal taux directeur. Or c’est ce taux, actuellement établi à 5,25%, qui devrait cette fois être abaissé à la prochaine réunion du 18 septembre, peut-être de 50 points de base d’un coup, parient certains analystes.

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Jean-Claude Trichet le 11 septembre 2007 à Bruxelles (Photo : Jacques Collet)

Au contraire, la Banque centrale européenne (BCE) semble prête à resserrer encore une fois les conditions du crédit, et à porter son taux directeur à 4,25%.

Son président Jean-Claude Trichet a confirmé mardi le sentiment des investisseurs, en insistant sur la persistance des risques inflationnistes en zone euro.

“La BCE ne semble pas près de baisser ses taux d’intérêt, même si la Fed baisse les siens”, relève Stuart Bennett, économiste chez Calyon. “Ce découplage entre la BCE et la Fed laisse envisager une progression continue de l’euro face au dollar”, estime-t-il.

La divergence entre taux d’intérêt en zone euro et aux Etats-Unis joue en faveur de la devise européenne: elle érode en effet les rendements offerts par le dollar par rapport à l’euro.

“Notre objectif de 1,40 dollar pour un euro d’ici la fin de l’année pourrait bien être atteint plus tôt que nous le pensions”, avance Audrey Childe-Freeman, économiste à la CIBC.

A plus long terme toutefois, la baisse des taux d’intérêt américains pourrait être salutaire pour le dollar, estiment certains analystes.

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Ben Bernanke le 11septembre 2007 à Berlin (Photo : Yannik Willing)

“Une baisse des taux pourrait être interprétée comme une réaction de la Fed à la faiblesse de l’économie américaine, comme une mesure de relance, ce qui serait bénéfique”, estime Marios Maratheftis, économiste chez Standard Chartered.

Les records de la monnaie unique jusqu’en juillet avaient suscité la polémique en zone euro, où une devise – relativement – forte n’est pas du goût de tous. La classe politique française en particulier s’était inquiétée des conséquences de la hausse de l’euro sur les entreprises exportatrices.

Mercredi, le ministre français du Budget Eric Woerth a estimé que la hausse de l’euro posait “problème pour le commerce extérieur” et pesait sur les déficits et sur la croissance de la France.

Les critiques françaises à l’encontre de la BCE, accusée d’entretenir la hausse de l’euro par sa rigueur monétaire, sont cependant mal accueillies par ses partenaires européens.

Les Etats-Unis au contraire sont beaucoup plus discrets sur l’évolution de leur devise, concentrant leurs efforts diplomatiques sur le taux de change avec le yuan chinois, considéré comme sous-évalué. Les analystes estiment que les autorités américaines ne voient pas forcément d’un mauvais oeil la baisse graduelle du dollar, outil de réduction des énormes déficits américains.

 12/09/2007 19:49:15 – © 2007 AFP