[13/09/2007 08:01:28] BERLIN (AFP) Alors qu’à la fin des années 1990, les entreprises européennes entraient avec tambours et trompettes à Wall Street, les Danone, Adecco et autres BASF désertent aujourd’hui par la petite porte une cotation prestigieuse, mais coûteuse et surtout très contraignante. “L’entreprise prend une dimension transnationale”, claironnait le géant allemand de la chimie BASF lors de son début à la Bourse de New York en 2000, tandis que le groupe d’énergie EON célébrait son entrée “dans une ère globale”, sur fond de shows à l’américaine à Wall Street. Mais c’est beaucoup plus discrètement que BASF, EON, ou encore Bayer, l’inventeur de l’aspirine, vont quitter cette année la bourse américaine. Le phénomène est européen: les français Danone, Publicis ou encore Suez désertent la cote de Wall Street. Le suisse Adecco a choisi la même option, comme le britannique British Airways. Tous profitent d’un assouplissement des règles de la redoutable Securities Exchange Commission (SEC), l’autorité boursière américaine, qui rendaient le départ de Wall Street très difficile. Auparavant, il fallait que l’entreprise étrangère prouve qu’elle avait moins de 300 actionnaires américains. Ce comptage fastidieux devait être répété chaque année. Mais depuis une réforme fin mars, la société doit présenter un volume de transactions aux Etats-Unis qui ne dépasse pas 5% du volume total de ses transactions sur toutes les places où elle est cotée, un critère plus souple selon les experts. La principale raison avancée par les déserteurs est le montant élevé des coûts, pour des volumes échangés maigres. “Toutes espéraient rendre plus attirantes leurs actions en allant à New York” mais sauf exception, comme SAP (progiciels) ou Deutsche Telekom, très actifs sur le territoire américain, “aucune n’y a dégagé de volumes significatifs”, explique à l’AFP Gerrit Fey, économiste du Deutsches Aktieninstitut (DAI), lobby du secteur financier allemand. Adecco fait ainsi valoir que moins de 2% de ses titres étaient négociés à New York. “Aujourd’hui il est beaucoup plus facile pour les investisseurs américains de venir directement sur les places européennes comme Francfort, Paris ou Londres, via les échanges électroniques”, souligne M. Fey. La cotation à Wall Street est onéreuse: Bayer s’attend à économiser 15 millions d’euros par an en se délestant de ses actions américaines. Mais la raison peut-être la plus importante, mais aussi la moins avouable, pour quitter New York est d’échapper à l’implacable SEC, dont la tutelle est devenue très pesante depuis l’adoption en 2002 des lois Sarbanes-Oxley, en réponse aux grands scandales comptables Enron ou Worldcom. La SEC impose aux entreprises de tenir une comptabilité stricte, conforme aux règles américaines US GAAP, et se montre particulièrement sévère en matière de bonne gouvernance. Le groupe allemand Siemens fait les frais de cette vigilance: empêtré dans des affaires de corruption, il redoute de se voir infliger par la SEC une lourde amende. Pour autant, un départ de la Bourse de New York “n’est pas à l’ordre du jour”, selon un porte-parole de Siemens. Les entreprises ayant décidé de quitter New York jurent quant à elles, comme Bayer par exemple, qu’elles vont “maintenir un haut niveau de transparence” financière. |
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