Euro fort et pétrole cher : les Français pénalisés, mais à moyen terme

 
 
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Photo prise le 20 avril 2006 à Paris de pistolets de pompes à essence. (Photo : Joël Saget)

[13/09/2007 17:13:04] PARIS (AFP) La flambée de l’euro et du pétrole, qui évoluent à des niveaux records, ne devrait pas avoir de conséquences directes pour les Français, mais des répercussions à moyen terme sur l’emploi et les salaires en pesant sur la compétitivité des entreprises, estiment des économistes.

La monnaie unique a atteint un nouveau sommet jeudi, montant jusqu’à 1,3927 dollar, une hausse parallèle à celle des prix du baril d’or noir, qui a dépassé mercredi le seuil de 80 dollars pour la première fois de son histoire.

“L’euro continue de jouer un rôle d’amortisseur, protégeant à la fois les prix à la pompe et les industriels”, rassure Jean-Louis Schilansky, délégué général de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).

La hausse de la monnaie unique compense en partie la hausse des prix du pétrole, qui sont libellés en dollar. Ramené en euro, le prix du baril reste en deçà de ses sommets atteints à l’été 2006. “Le prix moyen du brut s’élève en ce moment à 55 euros, contre 58 euros en juillet 2006”, relève M. Schilansky.

“Si les prix à la pompe augmentent, ils ne devraient prendre que quelques centimes, la hausse restant amortie par la force de l’euro”, confirme Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès.

Quant à la flambée de la monnaie unique, elle a dans un premier temps des effets plutôt “bénéfiques” pour les Français, poursuit l’économiste. En allégeant le coût des produits importés, elle permet au consommateur de gagner en pouvoir d’achat.

“A prix de production inchangés, des produits électroniques ou textiles semblent moins onéreux aujourd’hui”, souligne Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Certes, plusieurs compagnies aériennes ont répercuté la hausse des prix du pétrole sur les voyageurs, à l’instar d’Air France, dont la surcharge instaurée en 2004 est désormais de 58 euros par vol long courrier.

Mais à l’inverse, “les voyages aux Etats-Unis ou dans les pays où la monnaie suit l’évolution du dollar restent très intéressants pour les touristes français”, rappelle M. Heyer.

A court terme, plus que les ménages, ce sont les entreprises françaises qui pourraient faire les frais de la hausse parallèle de l’euro et du pétrole.

“L’envolée de l’euro pénalise leurs exportations tandis que la hausse du pétrole rogne les marges des entreprises qui consomment de l’énergie, ce qui diminue leurs capacités d’investissement”, résume Nicolas Bouzou.

En outre, “les sociétés françaises spécialisées dans des secteurs très concurrentiels comme l’aéronautique ou l’automobile risquent de perdre des parts de marchés face à l’américain Boeing ou à des constructeurs asiatiques dont les produits sont comparativement meilleur marché”, poursuit-il.

C’est donc en raison d’effets indirects que les Français pourraient payer le prix de la situation actuelle.

“On estime qu’une appréciation de l’euro de 10% face au dollar fait perdre 0,2 point de croissance la première année, 0,5 point la deuxième”, note Eric Heyer, pour qui les effets de la hausse de la monnaie unique devraient “surtout se faire sentir en 2009”.

Si l’appréciation de l’euro reste indolore pour les Français qui conservent leur emploi, elle sera pénalisante pour ceux qui n’en ont pas, les entreprises se voyant contraintes de limiter leurs embauches, explique en substance l’économiste.

Quant aux salaires, “il sera difficile de négocier des augmentations si le taux de chômage reste élevé”, affirme Eric Heyer.

 13/09/2007 17:13:04 – © 2007 AFP