Euro fort : les gouvernements européens tempèrent les inquiétudes

 
 
[14/09/2007 09:24:25] PORTO (AFP)

CPS.HKA15.140907111600.photo01.quicklook.default-245x163.jpg
Le ministre portugais des Finances Fernando Teixeira dos Santos accueille Christine Lagarde à Porto le 14 septembre 2007 (Photo : Dominique Faget)

Les ministres des Finances de la zone euro, réunis vendredi à Porto, ont relativisé l’impact de l’envolée du taux de change de l’euro et des prix du pétrole sur la croissance économique du continent, même s’ils reconnaissent que les exportations risquent de souffrir.

“J’étais plus inquiet à l’époque où l’euro était trop faible que je ne le suis aujourd’hui” alors que la monnaie unique s’approche du seuil de 1,40 dollar, a déclaré à Porto à des journalistes le président de l’Eurogroupe, (forum des ministres des Finances de la zone euro), le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, peu avant une réunion avec ses collègues.

En octobre 2000, l’euro, lancé 22 mois plus tôt à quelque 1,17 dollar, avait atteint un niveau plancher face au billet vert, à 0,8230 dollar, poussant les principales banques centrales dans le monde à intervenir sur le marché des changes pour stopper le mouvement.

Aujourd’hui, une action du même type pour freiner la hausse ne paraît pas d’actualité.

“La croissance est vigoureuse en Europe, l’économie est solide, donc nous pouvons faire face” aux nouveaux records de l’euro, a jugé devant la presse le ministre autrichien des Finances Wilhelm Molterer.

Son collègue belge Didier Reynders s’est montré plus mitigé. “Bien entendu nous sommes préoccupés concernant (l’impact sur) de nombreuses exportations, vers les Etats-Unis, vers la Chine aussi”, a-t-il dit.

CPS.HKA15.140907111600.photo00.quicklook.default-245x208.jpg
Jean-Claude Juncker à Bruxelles le 9 juillet 2007 (Photo : John Thys)

“Mais nous sommes capables de résister à de nombreux chocs externes, en premier lieu au choc pétrolier”, avec le prix du baril de brut qui a dépassé pour la première fois cette semaine le seuil de 80 dollars, a ajouté M. Reynders.

“En ce moment, ce n’est pas vraiment problématique d’avoir un tel niveau de prix pour le pétrole car nous avons un euro fort”, qui limite d’autant la facture énergétique puisque les Européens paient leur approvisionnement en pétrole et en gaz en dollars, a-t-il fait valoir.

Dans le même temps, il a souligné que les ministres européens étaient plus largement préoccupés “par l’évolution de la croissance économique”.

L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) vient de prévenir que la crise financière mondiale de l’été se traduirait par un ralentissement de l’activité économique dans les grands pays industrialisés et la Commission européenne a revu un peu à la baisse sa prévision de croissance pour la zone euro en 2007, de 2,6% à 2,5%.

Concernant l’Europe, le ralentissement semble être particulièrement prononcé en France, même si le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a estimé jeudi soir que “pour 2008, on a des chances tout à fait raisonnables d’avoir entre 2 et 2,5%” de croissance après un taux “proche de 2%” cette année.

Les partenaires européens de la France redoutent qu’avec l’essouflement de l’activité, Paris ne s’affranchisse des engagements pris en avril par les pays de la zone euro en matière de rigueur budgétaire, avec un retour des comptes publics à l’équilibre visé en 2010 au plus tard.

Ils attendent donc avec impatience les explications que doit fournir à Porto la ministre française de l’Economie Christine Lagarde.

Elle devrait toutefois répéter ce qu’avait dit le président Nicolas Sarkozy à Bruxelles en juillet, à savoir que l’objectif de 2010 ne pourra être tenu qu’avec une croissance forte.

Selon le document que Mme Lagarde va présenter, un tel objectif nécessiterait une croissance supérieure à 3% par an en moyenne sur la période. Taux qui paraît hors de portée à l’heure actuelle.

Sans cela, la France veut reporter le retour à l’équilibre en 2012, au risque d’irriter ses partenaires.

 14/09/2007 09:24:25 – © 2007 AFP