Le référendum annulé, l’avenir de Goodyear-Dunlop à Amiens est incertain

 
 
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Logo Goodyear à Akron dans l’Ohio (Photo : J. D. Pooley)

[14/09/2007 15:09:28] AMIENS (AFP) L’avenir du site Goodyear-Dunlop d’Amiens, le plus gros employeur de Picardie, reste incertain après l’annulation par la direction d’un référendum sur un projet de réorganisation du travail rendu impossible par le blocage de l’usine par la CGT et Sud, opposés au projet.

La direction a pris peu avant 11H00 la décision d’annuler le vote – prévu à partir de 10H00 vendredi et jusqu’à samedi soir – alors que le CGT et Sud bloquaient les accès du site de Goodyear depuis minuit et de Dunlop depuis 02h00 du matin, empêchant tout salarié de rentrer.

Le directeur des ressources humaines, Dominique Py, venu directement sur le site avertir la presse et les salariés de cette décision, a été pris à partie verbalement par les grévistes à l’entrée du site, où des palettes, pneus et ballots de paille brûlaient, envahissant l’air d’une épaisse fumée âcre.

Les 2.700 employés picards du fabricant américain de pneumatiques devaient répondre à une question unique, jugée “malhonnête” par les syndicats: “Pour donner un avenir au complexe d’Amiens, acceptez-vous oui ou non ce projet qui devra être finalisé par un accord avec les représentants du personnel ?”.

Le projet prévoit d’instaurer le système dit des 4×8, organisant le travail en quatre équipes contre cinq actuellement, qui tourneraient sur huit jours. Ce système faisait passer les équipes du week-end aux 35 heures au lieu de 28 et entraînerait une perte de salaire de 10% selon les syndicats, qui dans leur ensemble, s’opposent à ce projet.

Pour la direction, ce plan, qui prévoit également la suppression de 500 emplois sur trois ans sans licenciement et un investissement de 52 millions d’euros afin de moderniser l’outil de production, “est la seule solution pour rester compétitif”, avait indiqué jeudi à l’AFP Catherine Dumoutier, porte-parole de la direction.

L’annulation du référendum est “une petite victoire”, a estimé Claude Dimoff, délégué CGT. “Nous avons obtenu en partie satisfaction pour aujourd’hui. Dans ces conditions, je ne vois pas de raison de continuer le blocus, maintenant il faut retourner à la table des négociations” a-t-il déclaré à l’AFP en début d’après-midi.

Mais des voix discordantes, notamment au sein même de la CGT, syndicat majoritaire et en pointe contre le référendum et le plan, entendaient continuer à bloquer les accès aux sites.

“Nous n’avons reçu aucune garantie de la direction sur le retrait du référendum et le projet 4×8”, a ainsi expliqué Mickaël Wamen, délégué CGT chez Goodyear, qui a appelé au maintien du mouvement jusqu’à dimanche 06h00.

Une décision condamnée par la direction selon laquelle, “à un moment où la survie du site est en cause, une telle entrave à la liberté du travail et à la liberté d’expression des salariés est inadmissible”, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

La CFDT et la CFTC ont également dénoncé le blocage des accès. “On souhaite la reprise des négociations dès lundi. En bloquant l’accès des personnes qui veulent aller travailler, les grévistes ne font que le jeu de la direction. Il faut trouver une solution car c’est l’avenir du site qui est en cause”, a dénoncé Philippe Theveniaud, délégué CFTC Dunlop.

Selon la CFDT, si le projet n’est pas mis en place, la production sera diminuée de 30%, ce qui impliquera 700 à 800 suppressions d’emplois.

 14/09/2007 15:09:28 – © 2007 AFP