[14/09/2007 15:16:29] WASHINGTON (AFP) Une volée d’indicateurs publiés vendredi dépeint une économie américaine ni affreusement malade, ni excessivement dynamique, et ne devrait guère éclairer la lanterne de la Réserve fédérale qui doit décider la semaine prochaine s’il lui faut baisser ses taux d’intérêt. Les ventes de détail, un indicateur très suivi dans un pays où la conjoncture est largement tirée par la consommation, se sont révélées un peu plus faibles que ne l’attendaient les analystes. Elles ont certes progressé en août, mais seulement de 0,3%, contre +0,5% attendus par le marché. Et surtout, hors automobile, elles ont reculé de 0,4%, ce qui n’avait plus été enregistré depuis près d’un an, a noté le département du Commerce. Toutefois, pour juillet, les chiffres ont été révisés en légère hausse pour faire ressortir une progression de 0,5% des ventes de détail (au lieu de 0,3% annoncé initialement) et de 0,7% hors automobile (au lieu de +0,4%). Pour Marie-Pierre Ripert (Natixis), “ces chiffres sont cohérents avec une hausse modérée de la consommation des ménages au troisième trimestre”. L’analyste maintient en conséquence sa prévision d’une hausse de 1,9% de la consommation en rythme annuel, mais si, reconnaît-elle, les mois à venir vont être moins favorables du fait de la dégradation du marché du travail et de l’aggravation des tensions sur le marché du crédit et du logement. Brooke Berard (Citi) abonde dans son sens, en relevant dans une note que le durcissement des conditions d’octroi de crédits “rend moins certain à l’avenir ces hausses modérées de la consommation des ménages”. A l’appui de l’analyse d’une décélération modérée de la croissance, les analystes relèvent le gonflement des stocks des entreprises, qui ont progressé de 0,5% en juillet par rapport à juin. C’est plus que ne le prévoyaient les marchés qui tablaient sur une hausse de 0,3%. Le sentiment des ménages, estimé par l’université du Michigan, est toutefois venu brouiller le tableau, puisqu’il s’est redressé en septembre, contre toute attente: il s’est établi à 83,8, contre 83,4 le mois précédent. “Ca ne va pas durer”, souligne Mme Ripert, “et la hausse de l’essence va y contribuer”. Autre composante importante de la croissance, la production industrielle a progressé de 0,2% en août par rapport à son niveau de juillet, alors que le marché tablait sur une hausse de 0,3%. Mais cette déception a été atténuée par une révision à la hausse des chiffres de juillet, désormais évalués à +0,5%. Pour Nigel Gault, le “drapeau rouge est levé”: les constructeurs automobiles risquent de réduire encore leur production, vu leurs ventes décevantes, et les fournisseurs du bâtiment continuent à souffrir de la crise du marché du logement. Heureusement, la demande extérieure devrait garantir une croissance de la production industrielle, à un rythme toutefois ralenti. Les membres du Comité de politique monétaire de la Fed, qui se réunissent mardi, devraient au moins être rassurés par l’impact, jusqu’ici imperceptible, de la faiblesse du dollar sur le prix des biens importés. La Fed était jusqu’il y a peu sourcilleuse sur les dangers de reprise de l’inflation. Or, au vu des chiffres du mois d’août, le danger d’inflation “importée” est minime. Les prix à l’importation aux Etats-Unis ont reculé de 0,3% en août, en données brutes, après avoir progressé de 1,3% en juillet (chiffre révisé en baisse). Mais cette évolution est due à des prix pétroliers relativement sages… ce qui n’est désormais plus le cas, avec les prix records du brut. L’énorme déficit des comptes courants des Etats-Unis — la mesure la plus large des flux d’échanges du pays — s’est légèrement réduit au deuxième trimestre, à 190,8 milliards de dollars contre 197,1 milliards au premier trimestre. Il représente toutefois encore 5,5% du produit intérieur brut (PIB) de la première puissance mondiale, contre 5,8% au premier trimestre. |
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