[14/09/2007 23:04:02] PORTO (AFP) La France s’est fait publiquement tancer vendredi par ses partenaires européens pour son manque d’efforts dans la réduction de ses déficits, une critique implicite du choix de Paris de privilégier les baisses d’impôts pour espérer dynamiser sa croissance. “Nous pensons que les ambitions dont la France a fait preuve (en matière de réduction des déficits, ndlr) ne correspondent pas tout à fait au niveau des attentes qui sont les nôtres”, a déclaré le président de l’Eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances des treize pays de la zone, Jean-Claude Juncker. “La France devra renforcer son effort de réduction du déficit”, a prévenu le Luxembourgeois lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion du forum à Porto. Derrière les termes choisis se cache une réelle irritation des partenaires européens de la France. En cause : les libertés prises par le gouvernement du président Nicolas Sarkozy, élu en mai, avec un engagement européen scellé par tous les pays de la zone euro en avril à Berlin, alors que son prédécesseur Jacques Chirac était encore au pouvoir. Les ministres des Finances avaient alors promis de mettre à profit la reprise économique pour résorber leurs déficits et équilibrer leurs comptes publics au plus tard en 2010. Depuis, la France s’est réservé la possibilité de reporter l’objectif à 2012, faute d’une croissance suffisante. Les autres pays de la zone euro, s’ils saluent les réformes structurelles engagées par Paris, n’ont guère apprécié. Ils l’ont fait savoir à Porto à la ministre française de l’Economie Christine Lagarde. “Ainsi que tous les participants l’ont souligné lors de la discussion, en réponse aux informations données par Mme Lagarde, les réformes et la consolidation budgétaire doivent être menées de concert”, a martelé le commissaire européen aux affaire économiques, Joaquin Almunia. Il a prévenu que la France devrait s’attendre au cours des prochains mois “à la pression de ses pairs” au sein de la zone euro pour intensifier ses efforts. Le gouvernement français doit prochainement présenter au Parlement son projet de budget 2008 et enverra ensuite en décembre de nouvelles prévisions budgétaires sur le moyen terme à Bruxelles. Mme Lagarde a reconnu une nouvelle fois vendredi qu’il serait difficile pour son pays de respecter la date de 2010, même si “nous allons faire tous nos efforts pour atteindre les objectifs”. Il faudrait pour cela, selon les calculs qu’elle a présentés vendredi à Porto, que la croissance soit d’ici-là de 3% ou plus en moyenne. Ce qui n’en prend pas le chemin. La Commission européenne vient de réviser nettement à la baisse sa prévision de croissance pour la France en 2007, de 2,4% à 1,9%. Pour ne rien arranger, M. Almunia s’est ouvertement interrogé vendredi sur la capacité de Paris d’atteindre même son objectif 2007 d’une réduction du déficit public à 2,4% du PIB, après 2,5% en 2006. “Cela demandera encore des efforts”, a-t-il dit. Plus largement, la France voit ainsi son “choc fiscal” mis en question par ses partenaires européens. Pour soutenir l’activité, le gouvernement prévoit des baisses d’impôts de quelque 15 milliards d’euros (bouclier fiscal, droits de succession, emprunts immobiliers, heures supplémentaires), qui vont nécessairement peser dans un premier temps sur le budget. La France fait le pari que cela dopera in fine la croissance et remplira les caisses de l’Etat. Mais au sein de l’Eurogroupe, certains se demande si les baisses d’impôts sont le meilleur moyen de répondre aux problèmes de compétitivité de l’économie française. |
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