Crise financière : l’Europe a des moyens limités pour trouver la parade

 
 
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Réunions des responsables européens à Porto, le 15 septembre 2007 (Photo : Dominique Faget)

[15/09/2007 11:37:46] PORTO (AFP) L’Europe veut renforcer la surveillance du secteur bancaire alors que la crise financière initiée aux Etats-Unis a fait une première victime de marque en Grande-Bretagne, mais la marge de manoeuvre des gouvernants reste limitée face à un secteur mondialisé.

Samedi, les files d’attente continuaient à s’allonger devant les agences de la huitième banque britannique Northern Rock, spécialisée dans le crédit immobilier, dont le sauvetage in extremis par la Banque d’Angleterre a fait souffler un vent de panique chez les épargnants.

Dans ce contexte, les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales de l’Union européenne, réunis à Porto, se sont prononcés en faveur d’une plus grande transparence sur les marchés.

Leur opacité est considérée comme une des causes des turbulences des dernières semaines, nées d’une crise de confiance dans le secteur bancaire du fait d’investissements importants et à risque dans le secteur immobilier américain.

Les ministres ont commandé un rapport, qui constituera une base de travail, sur “la façon d’améliorer la transparence des instruments financiers complexes” mais aussi “des institutions et des véhicules” financiers qui les utilisent.

Les ministres des Finances ont aussi décidé d'”examiner de plus près le rôle des agences de notation”, accusées de ne pas avoir correctement rempli leur mission qui consiste en l’occurence à évaluer la capacité des banques à faire face à leurs obligations.

De son côté, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet a réaffirmé que “des leçons devraient être tirées” des turbulences actuelles.

Mais, s’ils se sont prononcés pour un renforcement de la surveillance, les gouvernants n’ont pas précisé en détail la forme qu’elle pourrait prendre, une question qui semble encore loin de dégager un consensus.

Le commissaire européen au Marché intérieur, Charlie McCreevy, a ainsi souligné que tous les Etats européens n’étaient pas favorables à l’idée d’une autorité unique de régulation bancaire, et qu’il ne pensait pas qu’une telle organisation verrait le jour “de son vivant”. La supervision financière reste largement du ressort national en Europe.

Il est également resté flou sur la nécessité ou non de “nouveaux textes réglementaires”.

La marge de manoeuvre des dirigeants européens est de toute façon limitée, alors que le marché des capitaux est devenu mondial, des sommes colossales étant déplacées d’un pays à un autre en l’espace de fractions de seconde par des investisseurs qui ne réfléchissent plus en termes de frontières nationales.

Conscient du problème, le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, a appelé à une “action internationale”, réaffirmant que le forum des pays industrialisés du G7, dont le Royaume-Uni fait partie, lui paraissait indiqué pour agir. Il se réunira en octobre à Washington.

Le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück a précisé que la France et l’Allemagne lanceraient une initiative en faveur d’une plus grande transparence des marchés à l’occasion de cette réunion du G7-Finances.

Les Européens réussiront-ils là où ils ont largement échoué ces derniers mois à faire évoluer les choses?

Lors du dernier sommet du G8 en juin, la présidence allemande du forum s’était heurtée à une forte résistance de la part de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, favorables par tradition libérale à l’auto-régulation des marchés, dans sa tentative pour renforcer le contrôle des hedge funds (fonds spéculatifs).

Sa proposition, a minima, d’un “code de bonne conduite” de ces fonds spéculatifs, dont les stratégies d’investissement à haut risque inquiètent, était restée lettre morte.

 15/09/2007 11:37:46 – © 2007 AFP