[15/09/2007 12:05:58] MADRID (AFP) Les deux plus grosses compagnies européennes à bas prix, Ryanair et easyJet, se disputent âprement le ciel espagnol où elles redoublent d’activité, provoquant de sérieuses turbulences pour d’autres compagnies comme l’espagnole Iberia. En août, l’irlandaise Ryanair a annoncé qu’elle allait doubler le nombre de ses bases logistiques en Espagne d’ici à 2010, les faisant passer de deux à quatre. “Il y a encore beaucoup d’espace pour croître”, a expliqué Maribel Rodriguez, directrice du marketing et des ventes pour la compagnie en Espagne. Cette annonce survenait quelques semaines après celle de la britannique easyJet de l’installation de sa première base en Espagne, à Madrid. Les low-cost lorgnent sur l’aéroport international de Madrid-Barajas depuis qu’il a ouvert fin 2006 un quatrième terminal ultra-moderne et qu’il a doublé le nombre de ses pistes. Ces opérations sont des indicateurs de l’attraction exercée par l’Espagne, deuxième destination touristique au monde après la France, sur les compagnies à bas prix. Au cours des sept premiers mois de l’année, 12,4 millions de personnes sont arrivées en Espagne avec ces compagnies, une progression de 24,1% par rapport à l’année précédente, selon les données du ministère du Tourisme. Ces arrivées ont représenté 36,6% du nombre total d’entrées par voie aérienne sur la même période. EasyJet, Ryanair et Air Berlin représentent à elles trois 60% de tous les vols à bas prix en Espagne. Conséquence directe de cette expansion galopante, la compagnie nationale Iberia a vu sa part de marché en Espagne tomber à 22% en 2006, contre 26% en 2003. “Les low-cost ont progressé aux dépens d’Iberia”, a déclaré à l’AFP Geoff van Klaveren, analyste chez Exane BNP Paribas, qui pense que la tendance va se poursuivre. Iberia devrait continuer sa stratégie de réduction de voilure en Europe, où elle lutte avec les compagnies à bas prix, pour se concentrer sur les vols vers l’Amérique latine, où les marges sont plus élevées et où elle est leader avec une part de marché d’environ 20%, ajoute-t-il en faisant allusion au plan stratégique d’Iberia. La guerre des géants pas chers malmène aussi un petit-poucet des low-cost, l’espagnol Vueling, qui a vu ses pertes nettes exploser au premier semestre, à 33,7 millions d’euros, contre 6,5 millions l’année précédente. La compagnie, née en 2004, a averti qu’elle n’atteindrait pas ses objectifs en 2007, principalement à cause de la concurrence croissante. La banque portugaise BPI a qualifié les résultats de Vueling de “terrifiants”. “Nous pensons que la compagnie s’accomode mal de l’environnement compétitif espagnol”, a-t-elle jugé. Même Clickair, la low-cost créée par Iberia en 2006, tire la langue. Elle a enregistré une perte de 8,6 millions d’euros pour son premier exercice fiscal. D’autres, enfin, préfèrent quitter la scène, comme la scandinave SAS qui a annoncé en juin qu’elle allait vendre sa filiale Spanair, deuxième compagnie espagnole, pour se concentrer sur sa propre compagnie. Les analystes s’attendent à ce que la bagarre redouble d’intensité. “Avec Ryanair progressant rapidement sur un marché où se bousculent déjà easyJet, Vueling, Spanair, Clickair et Iberia, il est clair que la guerre des prix va se poursuivre”, juge Joe Gill, de Goodbody Stockbrokers. Ryanair veut ouvrir six nouvelles lignes au départ de Madrid en octobre, vers l’Espagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. EasyJet cible les immigrés, en ouvrant en novembre une ligne Madrid-Bucarest: les Roumains forment désormais la deuxième communauté d’immigrés en Espagne. Le directeur général de la compagnie pour l’Espagne, Arnaldo Munoz, a déclaré qu’elle allait peut-être aussi accroître la fréquence de ses vols avec le Maroc. Les Marocains sont les étrangers les plus nombreux en Espagne. “Les low-cost”, a-t-il commenté en août, “ne sont pas seulement pour les touristes”. |
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