Sarkozy déclenche une polémique en critiquant la BCE, Trichet et Juncker

 
 
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Christine Lagarde (G) et le président de la BCE Jean-Claude Trichet, le 15 septembre 2007 à Porto (Photo : Dominique Faget)

[16/09/2007 06:35:52] PORTO (AFP) Le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy a déclenché une polémique avec ses partenaires en Europe en épinglant l’action de la BCE, en pleines turbulences financières, et en s’en prenant sans ménagement au président de l’Eurogroupe.

Selon des propos rapportés samedi par le quotidien Le Monde, il a jugé “curieux” que la Banque centrale européenne se contente de mettre d’importantes sommes d’argent à disposition des banques pour ramener le calme sur les marchés, mais n’abaisse pas aussi ses taux d’intérêt pour soutenir la croissance.

“On a fait des facilités pour les spéculateurs, on complique la tâche pour les entrepreneurs”, a estimé M. Sarkozy, selon ces propos tenus vendredi soir dans l’avion qui le ramenait de Hongrie.

La ministre française de l’Economie, Christine lagarde, présente à Porto pour une réunion avec ses collègues européens, a enfoncé le clou samedi en jugeant que M. Sarkozy a “tout à fait raison de poser la question des taux d’intérêt” de la BCE, que Paris juge trop élevés.

Le chef de l’Etat français a aussi reproché au président de l’Eurogroupe (forum des ministres des Finances de la zone euro), le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, de faire preuve d’inertie. “Quelle initiative a-t-il prise ?”, s’est-il interrogé.

Cette sortie de M. Sarkozy est intervenue le jour même où M. Juncker, au nom de l’Eurogroupe, a publiquement rappelé à l’ordre la France à Porto pour son manque d’efforts dans la réduction de ses déficits, lors d’une réunion du forum.

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Nicolas Sarkozy (C) avec le président de l’Eurogroup et Premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker, le 9 juillet 2007, à Bruxelles (Photo : John Thys)

Le chef de l’Etat français a toutefois pu mesurer à quel point il reste isolé en Europe dans ses critiques.

A Porto, le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a rendu hommage à M. Juncker et plusieurs des partenaires de la France sont montés au créneau pour soutenir la BCE.

“Je pense que la politique suivie par la BCE est appropriée”, a déclaré le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück, en exhortant à ne pas remettre en cause l’indépendance de la banque centrale, que l’Allemagne a jadis ancrée dans le traité de Maastricht qui a mis l’euro sur les rails.

“Aucune majorité ne se dessine” en Europe pour cela, a averti le ministre allemand.

Moins diplomate, le gouverneur de la très orthodoxe banque centrale allemande (Bundesbank), Axel Weber, a assuré que l’impact des critiques françaises sur les décisions de l’institut monétaire serait “nul”.

De quoi alourdir quelque peu l’atmosphère entre Paris et Berlin alors que, selon la presse allemande, les relations entre la chancelière Angela Merkel et le président Nicolas Sarkozy se sont récemment détériorées.

Le président de la BCE lui-même, Jean-Claude Trichet, est sorti de sa réserve pour lancer une pique à Nicolas Sarkozy.

Il s’est étonné des critiques du chef de l’Etat français en rappelant qu’au début du mois, le chef de l’Etat français avait au contraire salué la décision de la BCE de ne pas augmenter ses taux, du fait des turbulences financières, “au point même de l’avoir attribuée à sa propre influence”.

D’autres pays européens, l’Autriche et l’Espagne en particulier, ont pris leurs distances avec l’offensive française.

En France, le dirigeant centriste et pro-européen François Bayrou, a jugé “inquiétants” les propos de Nicolas Sarkozy. Ses déclarations sont selon lui “extrêmement déstabilisatrices dans ce climat de crise” actuel.

Depuis son élection le 6 mai 2007, le chef de l’Etat français a exprimé des positions tranchées sur les questions européennes, au risque de froisser ses partenaires, qu’il s’agisse de l’adhésion de la Turquie à l’UE, de l’OMC ou, surtout, de la BCE.

 16/09/2007 06:35:52 – © 2007 AFP