Subprimes : bienvenue à Stockton, capitale américaine des saisies immobilières

 
 
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La crise des crédits subprime

[16/09/2007 09:24:36] STOCKTON (AFP) Une ville du centre de la Californie, Stockton, détient depuis la crise dite des “subprime”, les prêts immobiliers à risque, le triste honneur d’être la capitale américaine des saisies.

Stockton, qui compte quelque 300.000 habitants, a déjà enregistré 8.000 saisies immobilières depuis le début de l’année 2007. Selon Realtytrac, un site internet de vente de biens saisis, c’est la ville des Etats-Unis où leur nombre est le plus élevé, une pour 27 ménages.

Et le quartier de Weston Ranch, une modeste zone pavillonnaire construite il y a 15 ans, obtient la palme du nombre de saisies de la ville, indique de son côté Acorn, une société de conseil juridique pour les familles à revenus moyens.

Des crédits à taux variable accordés à des emprunteurs à risques, des accédants à la propriété pleins d’espoir mais avec des montages de crédits chancelants, des familles appâtées par des maisons aux prix trop élevés sont responsables de cette situation, selon Geri Taylor, une responsable d’agence immobilière installée là depuis 12 ans.

“Beaucoup ont pourtant payé 100% du prix du bien”, explique-t-elle. “Mais ils ont pris des emprunts à des taux attractifs en pensant que ce quartier serait abordable, et les taux ont fini par augmenter”.

Une pancarte après l’autre fait signe aux acheteurs potentiels dans les rues de Weston Ranch. “Le rêve américain devenu réalité, prix réduit!” annonce l’une d’entre elle, plantée dans une pelouse brunie.

“Les gens s’en vont tout simplement”, explique Geri Taylor. “On voit des maisons dont les gens sont partis quand le shérif est venu frapper à la porte, en laissant le repas sur la table”.

Lupe Dominguez lave sa voiture dans son allée, à deux maisons d’un bungalow miteux, dont une fenêtre est recouverte d’une affiche annonçant une vente aux enchères avec une mise à prix de 50.000 dollars. “La maison est vide depuis neuf mois et l’affiche est là depuis deux mois”, dit-il.

Un ami à lui, qui vivait dans la même rue, a perdu sa maison après une saisie et en a loué une autre qu’il a dû quitter à son tour parce qu’elle a été saisie aussi, raconte-t-il.

Gloria Johnson, une autre responsable d’agence immobilière, pratique de plus en plus de ventes à découvert, ce qui permet d’éviter aux propriétaires aux abois la saisie et la faillite personnelle, mais oblige le créancier à accepter que la maison soit vendue en-dessous du niveau de l’hypothèque.

Mme Taylor a elle aussi modifié ses pratiques commerciales, en se tournant de moins en moins vers la vente de maisons et de plus en plus vers la gestion locative.

Les maisons restent sur le marché trois fois plus longtemps qu’en 2006 et le prix de vente moyen a chuté de 10%, selon elle.

“Personne n’a de boule de cristal, mais je ne vois pas venir d’amélioration avant 2010”, ajoute-t-elle, pessimiste.

Pour Lance Hill, un conseiller en immobilier qui travaille pour une association à but non lucratif de Stockton, Visionary Homebuilders, dont le but est de permettre à des familles à revenu modeste d’accéder à la propriété, les acheteurs potentiels devraient être mieux informés concernant le marché.

“Pour être prêts à prendre une hypothèque, ils doivent savoir ce que signifient des termes comme taux variables, taux de refinancement, pénalités pour paiement anticipé. Nous devons nous assurer qu’ils ont une certaine connaissance des règles”, explique-t-il.

“Etre propriétaire, c’est une très bonne chose, mais seulement si on peut se le permettre”, conclut-il.

 16/09/2007 09:24:36 – © 2007 AFP