Les critiques françaises irritent de plus en plus la BCE

 
 
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Christine Lagarde et Jean-Claude Trichet à Porto le 14 septembre 2007 (Photo : Dominique Faget)

[17/09/2007 12:10:31] FRANCFORT (AFP) Les critiques répétées de la France irritent de plus en plus la Banque centrale européenne (BCE), contrainte de défendre une indépendance qu’elle juge indispensable pour sa crédibilité en pleine période d’incertitudes liées à la crise financière.

Ce n’est la première fois que la BCE doit défendre son statut d’indépendance depuis sa naissance en 1999, mais la réaction à la énième critique du président français Nicolas Sarkozy ce week-end fut plus vive que d’ordinaire.

Il n’y a rien de nouveau dans les propos du chef de l’Etat, son impact sur le conseil des gouverneurs sera “nul”. Axel Weber, président de la Bundesbank et membre influent de la BCE aura rarement été aussi sec.

Le locataire de l’Elysée, qui cherche depuis des mois à remettre en cause les prérogatives de la BCE, l’aurait cette fois indirectement accusé d’aider les spéculateurs en injectant massivement du cash sur les marchés monétaires en mal de crédit, tout en rendant la vie des entrepreneurs difficile en maintenant des taux directeurs qu’il juge trop élevés.

M. Sarkozy avait pourtant salué la décision prise début septembre par la BCE de s’abstenir de remonter ses taux comme prévu initialement. Il avait même jugé avoir favorisé le statu quo grâce à ses appels répétés en faveur d’un débat en matière de politique de taux, lui a rappelé le président de la BCE, le Français Jean-Claude Trichet.

“La BCE a déjà fait un geste inhabituel en revenant sur sa hausse de taux pré-annoncée. Pour elle, il est probablement très difficile de comprendre pourquoi sa politique monétaire continue d’attirer les foudres en ce moment, car elle a déjà fait preuve d’une grande flexibilité”, argumente Holger Schmieding, spécialiste de la BCE à la Bank of America.

Depuis sa naissance, la BCE est l’objet de critiques, plus ou moins vives en fonction des périodes, souvent en provenance de la France ou encore de l’Italie. L’Allemagne reste le soutien le plus précieux de l’institution, dont l’indépendance est un héritage de la Bundesbank.

La jeunesse de la BCE la rend plus vulnérable aux critiques que ses homologues américaine et britannique. D’où sa tendance aussi à rejeter farouchement, voire de façon excessive selon certains observateurs, tous conseils n’émanant pas de ses services internes.

La volonté de l’institut de Francfort de se raccrocher au Traité de Maastricht, qui lui assigne le combat contre l’inflation comme principale mission, est souvent aussi attribuée au fait qu’il manque une véritable politique budgétaire fédérale et une intégration économique dans la zone euro.

La France a d’ailleurs redit à Porto, lors d’une réunion de l’Eurogroupe (ministre des Finances de la zone euro), qu’elle aurait du mal à remplir ses engagements de retour à l’équilibre de son budget en 2010.

Les salves de M. Sarkozy ont toutefois du bon : Jean-Claude Trichet et Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe taxé d’inertie par le président français, ont enterré la hache de guerre sur qui porte la responsabilité pour l’euro.

Les deux hommes “sont aujourd’hui unis comme ils ne l’ont jamais été. M. Sarkozy a levé les traditionnelles tensions entre la politique des finances et la politique monétaire”, relève la Frankfurter Zeitung de lundi dans un éditorial.

Tant que Nicolas Sarkozy reste isolé, la BCE n’a pas à se faire trop de soucis. “Si elle venait à reprendre sa politique de remontée de taux, la position française trouverait des d’adhérents”, souligne Holger Schmieding. Mais la crise financière et la grimpée de l’euro rendent tout nouveau geste à la hausse de la BCE hypothétique.

 17/09/2007 12:10:31 – © 2007 AFP