[17/09/2007 15:13:52] KIEV (AFP) Les groupes français Bouygues et Vinci ont signé lundi à Kiev un contrat pour la construction pour 432 millions d’euros d’une nouvelle enceinte autour du réacteur de Tchernobyl, qui avait explosé en 1986 et dont la chape actuelle menace de s’effondrer. Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko et le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur Hervé Novelli ont assisté à la signature du contrat entre l’administration de la centrale et les deux groupes français, réunis au sein du consortium Novarka. M. Iouchtchenko a qualifié la signature de “grand évènement historique”, selon son service de presse. Avant la cérémonie de signature, M. Novelli s’est rendu sur le site de la catastrophe nucléaire, situé à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, pour adresser “un message de mémoire, de solidarité et de compassion” à l’Ukraine. “En confinant la centrale, nous fermons une page pour en ouvrir une autre, celle de l’énergie nucléaire sécurisée”, a ajouté M. Novelli, qui est le premier ministre français à se rendre sur le site de la catastrophe. Le chantier devrait débuter en octobre prochain pour s’achever en 2012. Il verra la construction d’une structure d’acier à double enveloppe métallique de 18.000 tonnes mesurant 105 mètres de haut, 150 mètres de long pour une portée de 257 mètres, indique-t-on chez Bouygues et Vinci. Cette structure sera ensuite recouverte de plaques étanches. Les éléments constitutifs de l’enceinte seront assemblés à l’extérieur de la centrale pour des raisons de sécurité. Puis ils coulisseront sur des rails pour chapeauter progressivement le premier sarcophage. La nouvelle chape est garantie pour une durée de vie de cent ans par ses concepteurs. Une période suffisante pour que “Tchernobyl n’existe plus”, estime Yves-Thibault de Silguy, président de Vinci, qui explique que “le but final de l’arche est de permettre son démantèlement total”. “Les Occidentaux, et la France en particulier, auraient tort de se reposer sur leurs lauriers”, nuance toutefois Frédéric Marillier, chargé du nucléaire à Greenpeace-France. Selon lui, “l’arche n’est sans doute pas une solution définitive car elle n’élimine pas le risque de déclenchement d’une réaction en chaîne de la matière radioactive résiduelle”, a-t-il déclaré à l’AFP. Un avis que partage Roland Desbordes, président de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD) créée après la catastrophe de Tchernobyl. “La matière radioactive présente sur place peut, dans certaines conditions physiques, produire un accident de criticité, c’est à dire une réaction nucléaire en chaîne non contrôlée”, estime-t-il. Le réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl avait explosé le 26 avril 1986, contaminant une bonne partie de l’Europe, mais surtout l’Ukraine, le Bélarus et la Russie. L’unité accidentée avait été recouverte à la va-vite d’une chape de béton plusieurs mois après la catastrophe, mais ce “sarcophage” est aujourd’hui fissuré et menace de s’effondrer, exposant à l’air libre au moins 160 tonnes de combustible nucléaire. Près d’un millier de personnes, dont 900 Ukrainiens, travailleront en période de pointe sur le chantier de Tchernobyl, dont le dernier réacteur opérationnel avait fermé en décembre 2000. Le projet a été financé par un fonds administré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et abondé par des dons internationaux. L’ONG écologiste américaine Blacksmith Institute a récemment classé le site de Tchernobyl comme le plus pollué de la planète. |
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