[17/09/2007 18:26:00] WASHINGTON (AFP) L’ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Alan Greenspan, préoccupé par la montée des risques inflationnistes, a approuvé lundi la prudence de son successeur, Ben Bernanke, pressé par le marché d’abaisser nettement le loyer de l’argent aux Etats-Unis. Interrogé sur l’attitude de son successeur face aux turbulences financières en cours, l'”Oracle”, ainsi surnommé lorsqu’il dirigeait la Fed, a répondu: “je vois difficilement ce que j’aurais fait différemment à sa place”. “Les pressions désinflationnistes auxquelles j’ai eu la chances d’avoir à faire disparaissent progressivement,” a-t-il expliqué dans un entretien au Financial Times. “Nous n’avons plus ce luxe désormais. Ben va être confronté à des temps plus durs et devra prendre des décisions plus difficiles que je n’ai eu à le faire”, a-t-il renchéri dans le quotidien USA Today. L’ancien gourou de Wall Street, âgé de 81 ans, est omniprésent dans la presse américaine lundi, à l’occasion de la sortie de ses mémoires, “The age of turbulences” (l’âge des turbulences). La publication de cet ouvrage intervient à la veille d’une réunion cruciale du comité de politique monétaire de la Fed, appelé à agir alors que la crise des prêts hypothécaire à risque menace l’économie de récession. Citant notamment la flambée des prix du pétrole et l’aggravation des déficits liée au vieillissement de la population mondiale, M. Greenspan a prévenu que “les perspectives en matière d’inflation vont se détériorer”. A USA Today, il pronostique même une remontée à terme des taux directeurs jusqu’à un nombre “à deux chiffres”, ce qui ne s’est plus vu depuis les années 80. Ce diagnostic va à l’encontre des partisans d’une réponse forte de la Fed: certains économistes attendent qu’elle procède à un abaissement de 50 points de base de son principal taux directeur, suivi d’autres baisses éventuelles. M. Greenspan n’a en rien minimisé les difficultés actuelles, reconnaissant pour la première fois qu’une bulle spéculative immobilière s’est créée. Lui qui préférait jusqu’alors parler de “mousse”, c’est-à-dire d’un assemblage de bulles, a indiqué au FT qu’il s’agissait là d’un “euphémisme pour bulle”. “Toutes les bulles de la mousse s’assemblent pour former une grosse bulle”, a-t-il précisé. Alors que plusieurs critiques lui reprochent d’avoir contribué à la formation de cette bulle, en maintenant les taux directeurs à un niveau excessivement bas, M. Greenspan s’est toutefois défendu d’avoir été laxiste. “Je suis arrivé à la conclusion que les bulles sont inévitables”, a-t-il dit. “Les êtres humains ne peuvent pas les éviter”. En essayant de les juguler, les banques centrales ne peuvent que rendre la situation “pire, pas l’améliorer”. Leur seule possibilité est de passer derrière pour essayer de réparer les dégâts, a-t-il dit au FT, en forme de conseil à son successeur. M. Bernanke est jusqu’alors resté très discret sur ses intentions concernant la réunion de mardi, se gardant de tout commentaire sur la situation actuelle lors de sa dernière intervention publique, mardi dernier à Berlin. Son silence a plongé les marché dans l’inconfort, d’autant que plusieurs autres responsables de la banque centrale américaine ont tenu la semaine dernière des propos divergents sur l’opportunité d’un desserrement monétaire. |
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