Réunion cruciale de la Fed, entre angoisse des marchés et peurs de récession

 
 
CPS.HKP46.180907171256.photo00.quicklook.default-245x171.jpg
Ben Bernanke le 21 août 2007 à Washington (Photo : Chip Somodevilla)

[18/09/2007 15:15:26] WASHINGTON (AFP) La banque centrale américaine (Fed) a débuté mardi une réunion cruciale sous l’oeil anxieux des marchés financiers qui espèrent une baisse significative des taux directeurs, alors que la crise des prêts hypothécaires menace l’économie américaine de récession.

Le comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale (Fed) devrait publier son communiqué final aux alentours de 14H15 locales (18H15 GMT).

Les économistes estiment qu’elle va baisser d’un quart à un demi point de pourcentage son principal taux directeur fixé à 5,25% depuis plus d’un an.

Ils n’excluent pas que le communiqué laisse la porte ouverte à de nouveaux assouplissements, pour écarter la menace de récession et rassurer les marchés sous le choc de la crise de l’immobilier et des craintes sur le crédit.

Une baisse des taux “constituerait un effort pour contenir les risques pesant sur la croissance”, estime notamment Robert DiClemente, économiste de Citigroup qui table sur une baisse de taux de 50 points de base.

“Plus tôt nous arriverons à 4,5% environ, plus grandes seront les chances de stabiliser les perspectives économiques et le système financier”, ajoute-t-il.

Plusieurs analystes jugent que si la Fed n’agit pas avec force, c’est-à-dire en abaissant de 50 points son taux directeur, davantage de perturbations sont à craindre sur les marchés financiers, provoquant de nouveaux défauts de paiement chez les emprunteurs et une glaciation accélérée du marché du crédit.

Les partisans d’une baisse des taux font également valoir que les incertitudes actuelles pourraient avoir un impact sur la consommation, premier moteur de l’économie américaine.

A cet égard, l’association professionnelle ICSC a publié plus tôt mardi une statistique inquiétante. Les centres commerciaux américains ont enregistré une contraction de leurs ventes de 1,1% lors de la semaine écoulée, par rapport à la précédente, ce qui marque le premier recul de leur activité en cinq semaines.

“Même si le recul hebdomadaire est important, l’évolution en rythme annuel – qui est moins volatile – est stable, ce qui fait penser qu’il ne faut pas prêter trop d’attention aux chiffres hebdomadaires”, a toutefois commenté Michael Niemira, chef économiste de l’association.

L’hypothèse d’une forte baisse des taux a été confortée par la publication également dans la matinée d’une bonne nouvelle sur le front de l’inflation.

Les prix à la production ont reculé de 1,4% en août par rapport à juillet, soulagés par une baisse de l’essence et du gaz naturel, même si l’indice de base (hors alimentation et énergie) a progressé de 0,2%.

C’est la plus forte baisse de l’indice général depuis octobre 2006.

“Les prix de gros demeurent raisonnablement bien contenus et cela devrait peser en faveur de ceux à la Fed qui pensent que c’est l’économie, pas l’inflation, qui est la priorité numéro un”, a commenté Joël Naroff, économiste indépendant.

Certains économistes estiment toutefois que la situation économique actuelle ne garantit pas une baisse des taux. Pour eux, une telle décision ne ferait que fournir au marché encore plus d’argent facile, alimentant davantage la bulle spéculative actuelle.

“L’économie américaine n’est pas en plein boom”, estime ainsi Eugenio Aleman, économiste de Wells Fargo, “toutefois, l’économie n’est pas non plus en train de s’effondrer”.

La Bourse de New York était orientée à la hausse mardi, les investisseurs restant prudents dans l’attente de la décision cruciale de la banque centrale: le Dow Jones gagnait 0,55%, tandis que le Nasdaq prenait 0,35%, vers 14H30 GMT.

 18/09/2007 15:15:26 – © 2007 AFP