Sarkozy veut supprimer les “marges arrière” pour doper le pouvoir d’achat

 
 
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Nicolas Sarkozy au Sénat le 18 septembre 2007 (Photo : Benoît Tessier)

[18/09/2007 17:12:58] PARIS (AFP) Le président Nicolas Sarkozy a évoqué mardi la “suppression” des marges arrière comme moyen d’augmenter le pouvoir d’achat, répondant à la demande de la grande distribution qui plaide pour une plus grande liberté dans la fixation des prix.

“C’est dans l’accroissement de la concurrence, dans la libéralisation de certains acteurs, dans la suppression des +marges arrière+, qu’il faut aller chercher le pouvoir d’achat”, a déclaré M. Sarkozy dans un discours devant l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis).

Cette “suppression” interviendrait dans le cadre de la réforme de la loi Galland sur la revente à perte, qui avait entraîné une hausse des prix des produits de grandes marques depuis son adoption en 1996.

Le 31 août, Nicolas Sarkozy avait affirmé sa volonté de mener “avant la fin de l’année” une “réforme complète” de cette loi. Une consultation publique est en cours depuis le mois de juillet et un texte pourrait être voté début 2008.

Particularité française, la loi Galland avait été mise en place pour protéger les industriels et le petit commerce contre la grande distribution, accusée d’exiger de ses fournisseurs des prix cassés.

Au titre de la “non-discrimination” entre distributeurs, inscrite dans cette loi, les industriels imposent leurs produits au même prix à toutes les enseignes, qui n’ont pas le droit de discuter les tarifs.

Concurrence oblige, les distributeurs vendaient alors les produits au seuil de revente à perte, sans faire de marges. Pour compenser, ils avaient mis en place les “marges arrière”, des sommes demandées aux industriels en échange de prestations commerciales souvent fictives.

Le cercle vicieux était lancé, puisque pour financer ces “marges arrière”, les industriels augmentaient leurs tarifs chaque année.

Résultat, entre 1997 et 2005, les prix des produits de grandes marques ont augmenté de 4% chaque année.

Pour stopper l’inflation, une première réforme de la loi Galland, entrée en vigueur en 2006, prévoit notamment de plafonner de manière progressive ces “marges arrière” et de les formaliser par des contrats écrits.

Cette réforme a eu un net effet sur les prix des grandes marques, qui ont commencé à diminuer dès mi-2006. Entre juin 2006 et juin 2007, ils ont baissé de près de 3%, selon une étude de Nielsen Panel International.

Pour le secrétaire d’Etat à la Consommation et au Tourisme, Luc Chatel, les prix devraient encore reculer, de 3% à 7%, grâce à la réforme de la loi Galland.

L’annonce de M. Sarkozy a été bien accueillie par les distributeurs, alors que le président de la Fédération de la grande distribution, Jérôme Bédier, a plaidé dans une interview aux Echos mardi pour la suppression des “marges arrière”.

Pour Serge Papin, le patron du groupement d’indépendants Système U, qui avait évoqué le premier fin août une éventuelle fin de ces marges, “supprimer les +marges arrière+, c’est supprimer la loi Galland”.

“C’est donner la possibilité aux distributeurs de négocier les tarifs des industriels, de maîtriser notre stratégie sur les prix des consommateurs”, a-t-il ajouté.

Michel-Edouard Leclerc, patron de l’enseigne éponyme, veut rester prudent, tant que la consultation publique se poursuit. Elle se termine fin septembre.

“Nous ne savons pas encore si la réforme ira jusqu’à autoriser la négociation des tarifs des industriels”, a-t-il déclaré à l’AFP.

 18/09/2007 17:12:58 – © 2007 AFP