Etats-Unis : l’inflation n’est plus l’ennemi numéro un pour la Fed

 
 
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Une station service de Chicago el 18 juillet 2007 (Photo : Scott Olson)

[19/09/2007 17:05:53] WASHINGTON (AFP) En optant pour une réduction drastique de ses taux directeurs, la Réserve fédérale américaine (Fed) a clairement privilégié la croissance sur l’inflation, qui n’est plus l’ennemi numéro un.

“Les chiffres de l’inflation sous-jacente se sont améliorés modestement cette année”, a expliqué mardi la Fed, pour justifier la baisse d’un demi-point de pourcentage de son objectif de taux sur le marché interbancaire, son principal outil de politique monétaire, et de son taux d’escompte, plus rarement utilisé.

Même si elle a souligné que “certains risques d’inflation demeurent”, la banque centrale a abandonné la formulation rituelle de ses précédents communiqués dans lesquels elle répétait que sa “préoccupation prédominante” restait que “l’inflation ne se modère pas comme prévu”.

Inquiet des risques de contagion de la crise du marché immobilier à “l’économie réelle”, le président de la Fed Ben Bernanke est donc passé outre les avertissements de son prédécesseur Alan Greenspan, qui mettait en garde, lundi encore, contre une augmentation des pressions inflationnistes.

Citant notamment la flambée des prix du pétrole et l’aggravation des déficits liée au vieillissement de la population, M. Greenspan avait jugé lundi que “les perspectives en matière d’inflation vont se détériorer”.

Cette évolution imposera à terme une remontée des taux directeurs jusqu’à un nombre “à deux chiffres”, ce qui ne s’est plus vu depuis les années 80, a-t-il même pronostiqué.

Pour l’heure, les faits donnent toutefois raison à M. Bernanke.

Freinés par le recul des cours de l’essence et du gaz, les prix à la consommation ont reculé de 0,1% en août, pour la première fois depuis octobre 2006. Hors alimentation et énergie, l’indice a toutefois progressé de 0,2%.

Sur un an, la hausse des prix a atteint 2,0% pour l’indice général et 2,1% pour l’indice de base, alors que la Fed vise sans le dire un taux d’inflation annuel inférieur à 2% (hors alimentation et énergie).

“L’inflation s’est installée à un niveau bas qui devrait conforter la Fed”, a commenté Joël Naroff, économiste indépendant.

Même analyse, pour Kenneth Beauchemin de Global Insight, pour qui “la modération des prix à la consommation hors alimentation et énergie permet à la Fed de respirer davantage”.

Mais la crise du marché immobilier n’a sans doute pas fini de se déployer.

Les mises en chantier de logements, déjà à leur plus bas niveau depuis une décennie, ont encore reculé de 2,6% en août par rapport à juillet, pour revenir à 1,331 million d’unités, a annoncé mercredi le département du Commerce.

Ce chiffre est inférieur aux attentes des marchés financiers qui tablaient encore sur 1,345 million de mises en chantiers le mois dernier, alors même que la crise des crédits hypothécaires atteignait son paroxysme.

Un tel niveau n’avait plus été observé depuis juin 1995.

Le recul des demandes de permis de construire “laissent prévoir de nouveaux ajustements (à la baisse) dans les mois à venir”, a souligné Nathalie Dezeure, de Natixis, qui estime que le logement résidentiel continuera à être un boulet pour l’économie américaine pour les mois à venir.

“Le marché du logement a été en récession pendant près de deux ans (…) et devrait se dégrader encore dans la seconde moitié de l’année en raison des turbulences récentes sur les marchés financiers”, a abondé Patrick Newport, de GlobalInsight, qui ne voit pas de reprise avant 2008.

 19/09/2007 17:05:53 – © 2007 AFP