Crédit Agricole : les errements d’un courtier posent la question du contrôle

 
 
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Siège du Crédit Agricole à Paris (Photo : Jean-Pierre Muller)

[19/09/2007 13:49:46] PARIS (AFP) L’initiative malheureuse d’un courtier américain d’une filiale du Crédit Agricole, qui va coûter 250 millions d’euros à la banque, suscite des interrogations sur les procédures de contrôle, et rappelle quelques précédents célèbres.

En prenant, fin août, une position anormalement élevée sur les marchés du crédit, sans rapport néanmoins avec celui des crédits immobiliers américains à risque (“subprime”), le courtier a agi sans autorisation et au-delà des limites de risque définies par la banque, a assuré cette dernière.

Ne découvrant l’anomalie que plusieurs jours après, Calyon, la banque de financement et d’investissement du Crédit Agricole, a mis deux semaines pour se tirer d’affaire et liquider ces positions, la note se montant à l’arrivée à 250 millions d’euros.

Le courtier a été licencié et cinq autres salariés de son bureau new-yorkais font actuellement l’objet de procédures disciplinaires. “Il n’est pas exclu que d’autres responsabilités soient mises en cause”, indique Calyon. Le responsable de toute l’activité banque de marché pourrait notamment être sanctionné.

L’incident pose la question de l’efficacité des procédures de contrôle en place au sein des activités de marché de la banque, qui n’ont pas empêché un individu de prendre un risque inconsidéré aux répercussions très graves.

Le fait que le courtier “ait pu dans un premier temps bâtir cette position (spéculative) sera au coeur du problème”, ont commenté les analystes de Goldman Sachs, dans une note à leurs clients.

“Il nous a été indiqué que la direction des risques avait plusieurs fois sonné l’alerte, sans succès”, a expliqué Pierre Chedeville, analyste de CM-CIC, dans une note.

En mars 2004, la banque s’était vu infliger une amende de dix millions de dollars par la Réserve fédérale américaine, notamment pour n’avoir pas tenu suffisamment à jour les livres de compte et l’historique des opérations de la succursale new-yorkaise de Crédit Agricole Indosuez, devenu depuis Calyon.

Le Crédit Agricole a mis en place, la même année, un vaste programme baptisé FIDES, axé sur la déontologie et la sécurité financière.

Interrogées sur l’incident, d’autres banques françaises se sont refusées à mettre en cause Calyon ou à vanter les qualités de leurs propres méthodes de contrôle, estimant que le risque zéro n’existe pas.

L’avatar de Calyon n’est d’ailleurs pas le premier écart recensé sur les marchés financiers, loin s’en faut.

En décembre 2004, en pariant sur une baisse du pétrole, le responsable d’une maison de courtage chinoise basée à Singapour a creusé un trou de 550 millions de dollars, pris à revers par la flambée des cours de l’or noir.

L’exemple le plus marquant est celui de Nick Leeson, un jeune courtier de 28 ans qui, en janvier 1995, provoqua la faillite de la vénérable banque britannique Barings en spéculant sur les marchés financiers asiatiques. A lui seul, il creusa une perte de 860 millions de livres sterling.

Le cas de Barings, la plus vieille banque d’Angleterre qui comptait parmi ses clients la famille royale, aura été le plus médiatisé, mais le record en la matière est à mettre à l’actif de Yasuo Hamanaka, dit “le roi du cuivre”.

Responsable des activités de marché pour le cuivre au sein de la maison japonaise de négoce Sumitomo Corp., M. Hamanaka aura fait perdre 2,6 milliards de dollars à son employeur en effectuant des transactions frauduleuses sur une décennie, jusqu’en 1996.

 19/09/2007 13:49:46 – © 2007 AFP