Deutsche Bank reconnaît ses erreurs dans la crise du “subprime”

 
 
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Le patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann, lors de l’annonce des résultats annuels, le 1er février 2007 à Francfort (Photo : Thomas Lohnes)

[20/09/2007 10:25:44] FRANCFORT (AFP) Deutsche Bank a admis pour la première fois avoir fait “des erreurs” dans la crise américaine des prêts hypothécaires à risque, un coup de semonce pour le secteur bancaire qui croyait jusqu’à présent la plus grosse banque allemande à l’abri de la tourmente.

“La Deutsche Bank a aussi fait des erreurs, aussi dans cette crise”, a reconnu son patron, Josef Ackermann, dans une interview qui doit être diffusée jeudi soir sur la télévision allemande ZDF.

Ces faux pas devraient peser sur ses bénéfices au troisième trimestre, a averti le Suisse. La banque va en effet devoir réévaluer la valeur d’engagements de crédits pour des acquisitions d’un montant total de 29 milliards d’euros.

De plus, la banque ne pourra pas embaucher environ 4.000 nouveaux employés d’ici la fin de l’année, contrairement à ce qu’elle avait prévu.

Jusqu’à présent, le navire amiral de la finance allemande avait semblé être relativement épargné par la tempête.

Josef Ackermann avait encore rassuré les marchés au début du mois de septembre en déclarant que les effets de la crise se feraient sentir sur l’activité vente, courtage et financement aux entreprises de la banque en août.

Il était toutefois resté confiant concernant les bénéfices, faisant valoir que l’exposition de Deutsche Bank au marché “subprime” était limitée.

Mais l’inquiétude a pointé à la Bourse de Francfort ces derniers jours: alors que Deutsche Bank réalise plus des deux-tiers de ses bénéfices dans la banque d’investissement, les analystes estimaient qu’elle ne pourrait pas sortir indemne de la tempête. Jeudi, l’action perdait 2,95% à 91,39 euros, la plus forte baisse d’un DAX en recul de 0,44% à 09H30 GMT.

Le Suisse a également reconnu à mots couverts l’implication de son institut dans la déroute de la banque IKB, qui a frôlé la faillite cet été après avoir investi plus que de raison sur le secteur du “subprime”. Elle n’avait pu être sauvée que grâce à l’intervention concertée du gouvernement allemand et du secteur bancaire du pays.

Deutsche Bank avait vendu des produits financiers complexes à IKB, qui ont été à l’origine de ses déboires. “Il est clair que nous avons vendu des produits à IKB, comme les autres”, a reconnu M. Ackermann. “C’est notre métier”, s’est-il justifié.

Il a refusé en revanche de dire combien son établissement a pu gagner dans cette affaire et a rejeté toute responsabilité sur la direction de la banque de Düsseldorf (Ouest), qui a fait le choix d’investir dans les crédits hypothécaires à risque.

“Je n’ai jamais dirigé IKB et je ne me sens pas comme un membre du conseil de surveillance. Nous sommes des partenaires en affaires”, se défend le Suisse.

M. Ackermann reste pour autant confiant concernant l’ensemble du secteur bancaire allemand. “Aucune bombe à retardement n’est amorcée”, le cas IKB reste une exception, selon lui.

La deuxième banque du pays, Commerzbank, a d’ailleurs confirmé jeudi ses objectifs de résultats pour cette année, alors qu’en début de semaine, des rumeurs de marché avaient fait état de coûts plus importants que prévu pour la banque liés à la crise du “subprime”.

Josef Ackermann avait provoqué un certain agacement au sein du monde de la banque en critiquant avec virulence des erreurs de gestion de la part des banques allemandes touchées par la tempête, tout en mettant en avant la gestion exemplaire de son établissement et le rôle joué par Deutsche Bank dans le sauvetage d’IKB.

Le ton moralisateur adopté par Josef Ackermann lui avait valu une réplique sanglante de la part du président de la Fédération allemande des caisses d’épargne (DSGV), Heinrich Haasis, qui lui a reproché de jouer au pompier “après avoir rassemblé du bois à brûler avec soin et d’en avoir encore bien profité”.

 20/09/2007 10:25:44 – © 2007 AFP