Favori des actionnaires de poids, Strauss-Kahn passe son grand oral au FMI

 
 
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Dominique Strauss-Kahn lors de son audition par les gouverneurs du FMI au siège de Washington, le 20 septembre 2007 (Photo : Eugene Salazar)

[20/09/2007 21:38:22] WASHINGTON (AFP) Le Français Dominique Strauss-Kahn, grand favori à la direction du Fonds monétaire international (FMI), a souligné jeudi que l’existence même de l’institution de Washington était en jeu face à la grogne des pays pauvres, lors de son audition par les administrateurs du FMI.

La tâche du futur directeur général sera “de reconstruire la crédibilité et l’efficacité du Fonds”, a relevé l’ancien ministre socialiste lors de son grand oral, tenu deux jours après celui de son rival tchèque Josef Tosovsky.

Après avoir rencontré au cours des derniers mois nombre de dirigeants, en particulier de pays en développement, lors d’un voyage de “60.000 miles” (100.000 kilomètres), l’ancien ministre français de l’Economie et des Finances s’est dit “frappé de voir combien l’institution se trouvait à la croisée des chemins”.

“Ce qui pourrait bien être en jeu aujourd’hui, c’est l’existence même du FMI en tant qu’institution majeure apportant la stabilité financière au monde”, a ajouté M. Strauss-Kahn, dont l’intervention a été diffusée à la presse.

M. Strauss-Kahn a affirmé aux gouverneurs du FMI qu’il “ne voulait pas être le candidat du Nord contre le Sud ou des riches contre les pauvres”.

Interrogé à sa sortie de la réunion, il a indiqué que ses propos avaient reçu un accueil “excellent”. “Les administrateurs sont très agréables”, a-t-il ajouté, devant quelques journalistes.

Soutenu par l’Union européenne et adoubé mercredi par les Etats-Unis, M. Strauss-Kahn est pratiquement sûr de l’emporter face à M. Tosovsky.

Avec 16,79% des droits de vote, les Etats-Unis sont le premier actionnaire du FMI. Les 27 pays de l’UE contrôlent ensemble 32,09% des votes.

Par comparaison, la Russie, qui soutient M. Tosovsky, ne possède que 2,70% des droits de vote. Le gouvernement tchèque défend le candidat français.

“Une élection n’est jamais faite tant qu’elle n’est pas terminée”, a toutefois souligné M. Strauss-Kahn, à sa sortie du Fonds.

M. Strauss-Kahn, âgé de 58 ans, dispose d’une longueur d’avance sur son challenger de dernière minute: sur les rangs depuis début juillet, il a déjà rencontré les 24 administrateurs du Fonds, fin juillet à Washington.

“C’est bien de rencontrer les gens dont on demande la confiance”, a-t-il commenté.

Pour s’assurer de la bonne volonté des administrateurs, M. Strauss-Kahn s’est engagé, s’il était élu, à effectuer l’intégralité de son mandat de cinq ans, tirant implicitement un trait sur d’éventuelles ambitions présidentielles.

Interrogé après la réunion, il a toutefois refusé de confirmer son renoncement. Cinq ans, “c’est la durée du mandat”, a-t-il simplement indiqué: “quand un mandat est de cinq ans, on ne dit pas qu’on vient pour six mois”.

Après soixante années d’existence, le FMI est confronté à une crise de représentativité. Les pays émergents disputent aux Etats-Unis et à l’Europe la prédominance traditionnelle qu’ils exercent sur les grandes orientations stratégiques et leur contrôle des instances de direction.

Aux termes d’une règle non-écrite, l’Europe choisit le directeur général du FMI, tandis que les Etats-Unis désignent le président de la Banque mondiale.

Dans l’adresse qu’il a prononcée mardi, M. Tosovsky, banquier central de carrière, brièvement Premier ministre, s’est posé en défenseur des pays les moins représentés.

Les membres du conseil doivent se prononcer par vote le 28 septembre.

 20/09/2007 21:38:22 – © 2007 AFP