Les foudres de Nicolas Sarkozy poursuivent Jean-Claude Trichet

 
 
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Jean-Claude Trichet le 11 septembre 2007 à Bruxelles (Photo : Jacques Collet)

[21/09/2007 11:57:28] FRANCFORT (AFP) Le président Nicolas Sarkozy poursuit assidûment de ses critiques la BCE et son président Jean-Claude Trichet, un habitué de l’ire des pouvoirs politiques français qui peut toutefois compter sur un allié de poids, l’Allemagne, pour défendre l’indépendance de la banque centrale.

Le locataire de l’Elysée est revenu à la charge jeudi soir, appelant implicitement la Banque centrale européenne (BCE) à imiter la Réserve fédérale américaine et à baisser ses taux directeurs — qui déterminent le niveau du crédit dans les treize pays de la zone euro — afin de donner un coup de pouce à l’économie.

Jean-Claude Trichet a une longue expérience des pressions politiques. Jadis surnommé “l’Ayatollah du franc fort” dans l’Hexagone, il a tenu tête aux responsables politique de tous bords, de Jacques Chirac à Lionel Jospin. Mais il n’a récemment pas caché son irritation face aux salves du président actuel.

Car les déclarations répétées du chef de l’Etat interviennent à un moment délicat. Même si l’économie de la zone euro reste solide, la crise des crédits hypothécaires à risque aux Etats-Unis (“subprime”) jette une ombre sur la croissance à venir. Surtout, l’euro bat record sur record et a franchi le seuil de 1,41 dollar pour la première fois de son histoire, une vigueur qui reflète la faiblesse du billet vert.

Un euro fort désavantage les exportateurs de la zone euro en général et français en particulier. Même l’industrie allemande, devenue très compétitive au prix de douloureuses restructurations dans le passé, commence à s’inquiéter.

Pour M. Sarkozy, la BCE a contribué à la force de l’euro en remontant ses taux directeurs à huit reprises depuis décembre 2005. De 2%, le principal taux est désormais passé à 4%.

Sans aller jusqu’à suggérer une baisse de taux, le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a conseillé vendredi à l’institution de s’arrêter là. “La hausse des taux d’intérêt, de mon point de vue, a atteint son sommet”, a-t-il déclaré dans un entretien à la radio nationale. Début septembre, la BCE avait renoncé à remonter son principal taux comme elle l’envisageait avant le déclenchement de la crise. Mais ce n’est que partie remise étant donné les risques de dérapage des prix liés notamment au pétrole cher, avait-elle prévenu.

Pour Nicolas Sarkozy, l’indépendance de la BCE ne doit pas empêcher le débat sur ses actions. Pour la BCE, les critiques du chef de l’Etat français sont autant de tentatives voilées d’entamer ses prérogatives.

Or l’indépendance est une condition sine qua non de la crédibilité de la banque centrale, qui doit composer avec une zone euro où l’intégration économique reste insuffisante et où les intérêts nationaux prennent souvent le dessus. Sans indépendance, les gardiens de l’euro jugent qu’ils ne pourraient pas remplir leur mission première de lutte contre l’inflation. En maintenant les prix sages, ils estiment aider au mieux l’économie et favoriser l’emploi.

La chancelière allemande Angela Merkel pense de même et l’a réaffirmé haut et fort jeudi soir. “L’ensemble du gouvernement et moi-même sommes attachés à l’indépendance de la BCE”, et la défendrons contre des tentatives de remise en cause, a-t-elle averti lors d’un dîner célébrant les 50 ans de la Bundesbank, dont le statut fut transmis en héritage à la BCE.

Jean-Claude Trichet possède un allié de poids avec l’Allemagne et, depuis le début des critiques de la France, les autres partenaires européens sont restés unis derrière la Banque centrale.

 21/09/2007 11:57:28 – © 2007 AFP