[23/09/2007 19:07:15] PARIS (AFP) Accusé par Paris d’inaction face à la flambée de l’euro, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a réaffirmé dimanche ne pas avoir de pouvoir en la matière et conseillé à la France de mieux gérer ses finances publiques “en très grande difficulté”. Alors qu’Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, a qualifié dimanche le niveau de l’euro d'”absurdité”, M. Trichet a contre-attaqué en épinglant les finances publiques hexagonales. “Les finances publiques françaises sont en très grande difficulté, et c’est un fait que (…) que le premier ministre a eu raison de souligner”, a-t-il affirmé sur la radio française Europe 1. M. Trichet était interrogé sur les propos tenus vendredi par le Premier ministre François Fillon, qui a déclaré être “à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier”. Le président de l’institut monétaire européen a estimé qu’avec des dépenses publiques qui devraient atteindre en 2007 53,2% de son produit intérieur brut (PIB), la France serait le pays “le plus dépensier” de l’Europe à 27. “Nous avons d’énormes efforts à faire”, a-t-il insisté, précisant que la France n’a “pas été très bien gérée sur une longue période”. Il a cité en exemple l’Allemagne, où les “coûts unitaires de production ont augmenté beaucoup moins qu’en France”, et où “la compétitivité-coût de l’industrie s’est fortement améliorée”. Alors que le gouvernement français a repoussé à 2012 le double objectif d’une dette ramenée à 60% du PIB et d’un retour à l’équilibre de ses finances publiques, retardant la date initiale de 2010 promise par le gouvernement Villepin, M. Trichet a estimé que la France avait “pris des engagements” et qu’elle devait les tenir. Interrogé sur le niveau de l’euro, qui a dépassé la semaine dernière pour la première fois le seuil de 1,41 dollar, M. Trichet a jugé qu'”aucune personne responsable” ne répondrait à cette question, puisque “depuis 35 ans nous sommes dans un système de changes flottants où les monnaies montent et descendent”. Le dollar est plombé par les retombées sur l’ensemble de l’économie américaine de la crise des prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis, et a encore perdu du terrain dans la foulée de la récente baisse de taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed). “Ce n’est pas d’un coup de baguette magique qu’on règle ces problèmes, ce sont des problèmes sérieux dont il faut parler sérieusement”, a martelé M. Trichet. Il visait implicitement Nicolas Sarkozy, qui multiplie depuis sa campagne présidentielle les attaques contre l’euro fort et la politique de la BCE, l’accusant de ne se préoccuper que de l’inflation au détriment de la croissance et de l’emploi. “Nous faisons ce que le Traité (de Maastricht, ndlr) nous a demandé de faire”, a répété M. Trichet, rappelant que “les exécutifs ne doivent pas tenter d’influencer la banque centrale”. “Vous avez entendu le président des Etats-Unis parler des taux d’intérêt de la Réserve fédérale? Le ministre des Finances des Etats-Unis parler des taux d’intérêt aux Etats-Unis? Gordon Brown parler des taux d’intérêt en Grande-Bretagne?”, s’est-il insurgé. M. Trichet a toutefois reconnu que le yuan chinois et le yen japonais étaient sous-évalués et a implicitement appelé à un renforcement du dollar. Il a enfin rappelé qu’à 4%, les taux directeurs de la BCE étaient plus bas que les taux américains, britanniques, canadiens et australiens, et que la baisse du chômage en France ces derniers mois prouve selon lui qu’on ne peut “absolument pas dire que l’euro a joué contre l’emploi”. |
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