La France prête à ouvrir le monopole sur les paris sportifs en ligne

 
 
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Le ministre français du Budget Eric Woerth, en août 2007 à Jouy-en-Josas (Photo : Eric Piermont)

[24/09/2007 19:15:22] PARIS (AFP) La France est prête à ouvrir à des opérateurs privés -mais de façon “maîtrisée”- son monopole sur les paris (courses hippiques, rencontres sportives) en ligne, un secteur en pleine expansion qui concerne surtout le PMU et, à un degré moindre, la Française des Jeux (FDJ).

Une étude récente du cabinet Jupiter Research estimait à 3,2 milliards d’euros le chiffre d’affaires des paris sportifs en ligne en Europe en 2005 et prévoyait 7,2 milliards en 2009.

“Le gouvernement n’est pas hostile à une ouverture du jeu sur internet, mais maîtrisée. Ca veut dire qu’on ne peut accepter n’importe quel opérateur, qu’on ne peut le faire que dans la transparence”, a dit lundi à l’AFP le ministre du Budget Eric Woerth qui “souhaite contrôler” cette ouverture “pour des raisons d’addiction, d’ordre public et d’ordre social”.

“A partir de là, on peut discuter de façon exploratoire avec la Commission” européenne, a ajouté M. Woerth, annonçant qu’il se rendrait à Bruxelles début octobre, avec le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet, pour en discuter avec Charlie McCreevy, commissaire européen responsable du Marché intérieur et des Services.

“S’il y a monopole de l’Etat, c’est qu’il y a des raisons liées à la déontologie”, a souligné M. Woerth, citant les risques de blanchiment d’argent, d’activités criminelles et d’addiction pour les joueurs.

“Il faut que ça reste raisonnable et responsable”, a-t-il insisté, évoquant la “situation de concurrence sauvage, illégale et sans contrôle possible” créée par la récente apparition des jeux sur internet sur des sites basés à l’étranger et parfois “dans des paradis fiscaux”.

“Dans les pays d’Europe où ils ont ouvert d’une façon un peu rapide, cette économie s’est effondrée, ce n’est pas un petit enjeu”, a déclaré M. Woerth, souhaitant trouver avec Bruxelles des “solutions différenciées” pour la FDJ et le PMU.

Interrogée par l’AFP, la direction du PMU, dont le chiffre d’affaires s’est élevé en 2006 à 8,1 milliards d’euros, dont 327,6 millions d’euros (4%) pour les paris en ligne, s’est refusée à tout commentaire.

Le PMU participe à près de 80% du financement de la filière hippique, qui représente 62.000 emplois directs.

Le chiffre d’affaires de la FDJ s’est élevé en 2006 à 9,5 milliards d’euros, dont 10 millions d’euros seulement pour les paris sportifs en ligne. “La FDJ a toujours eu comme priorité de prendre en compte la protection des joueurs”, a réagi la direction de la FDJ interrogée par l’AFP.

La FDJ “est attachée à la fonction redistributrice de la loterie à la collectivité en général et au sport en particulier” mais souligne que la question des paris sportifs en ligne, qui concerne une dizaine de pays, “appelle une solution politique au niveau européen”.

“En ce sens, ajoute-t-on, la FDJ s’est toujours voulue moteur dans l’élaboration d’un cadre de bonne conduite sur les pronostics sportifs aujourd’hui ratifié par 31 loteries européennes”.

Interrogé par l’AFP, le sociologue spécialisé des jeux Jean-Pierre Martignoni-Hutin a salué “une évolution positive” tout en souhaitant que cette “modernisation de l’économie des jeux” s’accompagne de la création d’une haute autorité de régulation des jeux, à l’instar du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), appuyée sur un observatoire indépendant des jeux.

 24/09/2007 19:15:22 – © 2007 AFP