[25/09/2007 10:18:40] STUTTGART (AFP) Les passes d’armes se multiplient entre Porsche et les puissants représentants du personnel de Volkswagen, qui craignent de perdre toute influence si le géant européen de l’automobile devait passer sous la coupe du fabricant d’automobiles haut de gamme. Le patron de Porsche, Wendelin Wiedeking, avait ouvert les hostilités au début du mois, lorsqu’il avait dévoilé ses plans pour prendre le contrôle de VW, dont il détient déjà environ 31%. Il avait glissé au passage que s’il menait à bien son projet, il n’y aurait plus de “vaches sacrées” chez Volkswagen, dont la convention collective garantit actuellement des conditions de travail avantageuses aux employés. Il avait encore enfoncé le clou quelques jours plus tard en conseillant au groupe de Wolfsburg (Nord) d’être prêt à se remettre en cause pour rester compétitif. Le directeur financier de Porsche, Holger Härter, a encore jeté un pavé dans la mare ce week-end en expliquant dans une interview que le groupe de Stuttgart n’avait pas prévu d’accorder une place à un représentant de VW au sein de son directoire s’il venait à l’avaler. Ceci a provoqué l’ire du syndicat IG Metall, mais aussi du comité d’entreprise de VW. Son président, Bernd Osterloh, a décidé de frapper un grand coup en portant l’affaire devant la justice. Son but : empêcher la transformation prévue de Porsche en une société européenne. Car les représentants du personnel de VW verraient leur importance fondre comme neige au soleil dans cette nouvelle structure. Ils n’auraient plus que trois places dans le conseil de surveillance de Porsche SE, contre dix actuellement dans l’organe de surveillance de Volkswagen. Sans compter qu’ils seraient mis au même niveau que leurs homologues de Porsche, qui auraient aussi trois sièges. Un traitement inacceptable pour M. Osterloh, qui parle au nom des 324.000 salariés de Volkswagen, alors que Porsche n’en compte que 12.000. Cette réduction est “une gifle en pleine figure” pour les employés du constructeur généraliste, s’est-il récemment emporté, faisant valoir que le projet de Porsche représente “un danger pour la sécurité de l’emploi et des lieux de production”. Ces remises en cause passent d’autant plus mal à Wolfsburg que jusqu’à présent, les syndicats devaient traiter avec un seul grand actionnaire, l’Etat de Basse-Saxe, soucieux avant tout du maintien des emplois, alors qu’avec Porsche, la priorité serait donnée à la rentabilité. A Stuttgart, l’attitude de M. Osterloh irrite. D’autant plus que, selon une source proche du dossier, il a été tenu au courant de la future organisation du conseil d’entreprise de Porsche SE. Il n’aurait rien trouvé à y redire dans un premier temps, avant de faire volte-face. Un signe que ce fils de cheminot perd son sang-froid, juge lundi cette même source. Un avis déjà émis la semaine dernière par le président du comité d’entreprise de Porsche, Uwe Hück, dans une interview : pour cet amateur de boxe thaï, M. Osterloh agit comme ces boxeurs qui, quand ils sont touchés, “deviennent alors incontrôlables”. “Dans cette bataille, “il n’est plus question des intérêts des employés mais de la répartition du pouvoir”, reproche-t-il. Cette affaire devrait connaître un tournant à la fin du mois d’octobre. Le tribunal du travail de Stuttgart a fixé au 24 une première audience concernant la plainte du comité d’entreprise de Volkswagen. Et la Cour européenne de justice (CEJ) doit rendre le 23 octobre sa décision concernant la “loi Volkswagen”, qui empêche pour tout actionnaire de détenir plus de 20% des droits de vote du groupe allemand. Si elle disparaît, hypothèse la plus probable, Porsche aura la voie libre pour prendre le contrôle de VW. |
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