[25/09/2007 10:18:48] DETROIT (AFP) Près de 73.000 employés du constructeur automobile General Motors ont entamé lundi un mouvement de grève aux Etats-Unis, faute de pouvoir finaliser un renouvellement du contrat salarial d’entreprise après plusieurs semaines de négociations. Il s’agit du premier mouvement de grève chez GM depuis 1998, mouvement qui avait coûté 2 milliards de dollars à GM après 53 jours de blocage. La grève a eu un impact immédiat au Canada voisin, où une sine a du fermer ses portes et où quatre autres devrait suivre prochainement. Avec les sous-traitants, 100.000 personnes travaillent pour GM dans ce pays. Le syndicat UAW avait lancé dans la nuit un appel à la grève pour 11H00 locales (15H00 GMT) malgré de récentes avancées dans les négociations. Les deux parties discutaient depuis des semaines pour renouveler le contrat salarial d’entreprise noué en 2003 et arrivé à expiration le 14 septembre. Après cette date-butoir, syndicat et direction avaient continué à discuter, l’ancien contrat salarial étant reconduit d’heure en heure. Au coeur des âpres discussions figurait la question de la protection sociale des 460.000 retraités du groupe et de leurs conjoints, mais le patron de l’UAW Ron Gettelginfer a déclaré lundi, lors d’une conférence de presse, que le désaccord ne portait pas sur ce dossier à l’heure actuelle. M. Gettelfinger a indiqué que sa préoccupation centrale était “la sécurité de l’emploi”. Il a indiqué que son syndicat était prêt à retourner immédiatement à la table des négociations. “Mais vu notre état d’esprit actuel, nous attendons de la direction qu’elle se décide de manière très rapide sur les questions sensibles qui restent à résoudre”, a-t-il mis en garde. Sur le volet santé des retraités, qui représente des engagements de 50 milliards de dollars pour GM, la direction voudrait imposer un changement historique au syndicat: l’arrêt de la prise en charge de ces frais par le constructeur, dont les obligations seraient reprises par un fonds commun de placement financé en actions GM. Ce mode de financement est très mal vu par l’UAW, qui a en mémoire la faillite retentissante du courtier en énergie Enron en 2001, dont le fonds de gestion des retraites des salariés avait été réduit à néant. L’action GM évoluait dans le vert malgré la grève (+0,43% à 35,09 dollars vers 15H45 GMT), le marché restant optimiste sur l’issue de la crise: GM est en trop mauvaise posture pour se permettre une grève dure. “Nous pensons toujours que GM et l’UAW vont boucler un accord prochainement”, a estimé l’agence de notation Standard and Poor’s. “En dépit de la grève aujourd’hui, nous pensons que les deux parties vont continuer de négocier”. “Une grève prolongée achèverait GM et ce n’est pas dans l’intérêt du syndicat”, a indiqué à l’AFP Dana Johnson, économiste chez Comerica Bank. La direction de GM s’est dit “déçue” de ce recours à la grève et a exprimé son espoir de finaliser “un accord ensemble qui permette de s’adapter aux défis de concurrence auxquels nous faisons face”. L’UAW reproche à la direction de GM d’exiger trop de concessions salariales pour aligner la compétitivité de groupe sur celle des constructeurs asiatiques. Ces derniers détiennent désormais 50% du marché automobile américain après leur montée en puissance des dernières années. “Nous sommes choqués et déçus que GM n’ait pas voulu reconnaître ni apprécier la contribution de nos membres au cours des quatre dernières années”, a déclaré M. Gettelfinger. “Nos membres ont fourni des efforts extraordinaires à chaque fois que le groupe a rencontré des difficultés”, a-t-il poursuivi, faisant référence aux concessions déjà lâchées par l’UAW: réductions de salaires et départs volontaires pour supprimer 30.000 emplois et fermer une dizaine d’usines depuis 2005. “Il faut que ce soit donnant-donnant”, selon le syndicaliste. Jusqu’ici, “la direction a voulu nous rencontrer à conditions que nous lâchions quelque chose. Mais quand il s’agit de rendre, ça devient plus difficile”, a-t-il déploré. Un accord entre GM et le syndicat de l’automobile doit servir de base de travail pour les négociations à venir entre Ford, Chrysler et l’UAW. Au total, les trois grands de Detroit ont perdu 25 milliards de dollars depuis 2005. |
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