France : contexte “critique” mercredi pour le premier budget de “l’ère Sarkozy”

 
 
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Eric Woerth, ministre du Budget et des Comptes Publics, assiste, le 24 septembre 2007 à Paris (Photo : Joël Saget)

[25/09/2007 18:58:56] PARIS (AFP) Le gouvernement français présente mercredi son premier budget depuis l’élection du président Nicolas Sarkozy, un exercice périlleux devant à la fois répondre aux promesses électorales et aux exigences de partenaires européens soucieux de la dérive des déficits de la France.

La présentation du budget intervient dans un contexte “critique” pour les finances publiques, de l’aveu même du Premier ministre François Fillon qui vient de faire sensation en assurant qu’il devait gérer un Etat en “faillite”.

Le poids de la dette (1.150 milliards d’euros, bien au dessus des 60% autorisés par le pacte de stabilité européen) “n’est plus supportable”, a-t-il insisté.

Moins alarmiste, son ministre du Budget, Eric Woerth, a affirmé lundi que le budget 2008 de la France serait “meilleur” que celui de cette année.

Le gouvernement affiche toujours un objectif de déficit public (Etat, collectivités locales et Sécurité sociale) à 2,3% du PIB pour 2008, après 2,4% promis pour la fin de cette année.

M. Woerth s’est toutefois refusé à dire comment le projet de loi de finances parviendrait à concilier les cadeaux fiscaux voulus par Nicolas Sarkozy (soit 15 milliards annuels de manque à gagner pour l’Etat) et les impératifs de rigueur exigés par Bruxelles, le tout sur fond de croissance médiocre.

Pour ne rien arranger, l’euro fort pèse lourdement sur le commerce extérieur français, lui aussi largement déficitaire alors que l’Allemagne enregistre, avec la même monnaie, des excédents records.

Une amélioration des comptes paraît d’autant plus problématiques que les recettes de privatisation, en théorie intégralement affectées à la réduction de la dette, se montent pour l’instant à seulement 3,7 milliards d’euros, contre environ 17 milliards l’an dernier.

Des ténors de la majorité de droite ont donc exprimé leurs inquiétudes sur le bouclage du budget, certains appelant même ouvertement à la mise en oeuvre d’une “politique de rigueur”. Une éventualité contre laquelle l’opposition de gauche a commencé à mettre en garde.

Lors d’une conférence de presse à New York, en marge de l’ouverture de la 62e Assemblée générale de l’ONU, M. Sarkozy a assuré qu’il n’y avait “pas de plan d’austérité” prévu en France.

“Non, il n’y a pas de plan de rigueur”, a déclaré M. Sarkozy, ajoutant: “Je me suis engagé sur la maîtrise des dépenses publiques, je la mettrai en oeuvre”.

L’Etat doit en tout cas trouver des recettes ou des économies nouvelles pour éviter que le déficit public n’explose.

Parmi les mesures déjà annoncées, une des principales, le non remplacement de 22.000 fonctionnaires partant l’an prochain en retraite, ne se traduira que par une économie de 400 millions d’euros.

Parmi les choix de dernière minute pour redresser la barre, le gouvernement a notamment décidé de percevoir avec une année d’avance certaines taxes, comme les prélèvements sociaux sur les dividendes d’actions.

M. Sarkozy a clairement décidé une pause dans les déficits l’an prochain au profit de la croissance et de l’emploi.

Voulant inscrire la France sur une trajectoire de 3% de croissance du PIB pendant son quinquennat, il s’est “engagé” la semaine dernière sur une croissance comprise entre 2,5 et 3% en 2009.

Pour 2008, le gouvernement continue de tabler sur une croissance comprise entre 2 et 2,5% du PIB, un objectif dont doutent nombre d’économistes.

“Avec les mesures prises en matière de fiscalité, et même avec une croissance soutenue au-delà des 2,5% en 2008, le gouvernement ne pourra pas tenir ses engagements en matière de déficits publics”, prédit pour sa part l’économiste Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

 25/09/2007 18:58:56 – © 2007 AFP