La Russie lève le voile sur son premier avion civil pour le marché mondial

 
 
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Le Superjet-100 de Sukhoi à Komsomolsk-sur-Amour, le 26 Septembre 2007 (Photo : stringer)

[26/09/2007 09:22:41] KOMSOMOLSK-SUR-AMOUR (AFP) La Russie a dévoilé mercredi le premier exemplaire du Superjet 100 de Soukhoï, le premier avion civil de ce constructeur destiné au marché mondial, et le fer de lance de ses ambitions retrouvées dans un secteur jugé très porteur.

L’industrie russe, en pleine restructuration, s’est alliée avec les plus grands industriels occidentaux du secteur pour concevoir et fabriquer ce jet régional de 100 places, qui vise la certification en 2008 des autorités américaines et européennes, un prélude indispensable à une carrière internationale.

A l’usine d’assemblage de Komsomolsk-sur-Amour, une ville située à 8.000 km de Moscou, près de la frontière chinoise, mais dans une usine entièrement modernisée, le président de Soukhoï Mikhaïl Pogossian a illustré mercredi cette volonté de renaissance en accueillant ses partenaires, Boeing et Alenia (groupe italien Finmeccanica), mais aussi les français Snecma pour les moteurs et Thales pour l’avionique.

La sortie de “ce premier avion de la nouvelle Russie est d’une grande importance, un projet prioritaire, car personne ne peut se contenter du marché intérieur dans une économie mondiale” a déclaré le premier vice-Premier ministre de la Fédération de Russie, Sergueï Ivanov, pendant la cérémonie qui a réuni des centaines d’invités.

Pour réussir sur le marché mondial où Illiouchine et Tupolev avaient régulièrement échoué sous l’ère soviétique, le groupe russe a déjà engagé plus d’un milliard de dollars dans le développement de cet avion à commandes de vol électriques, assemblé dans une usine passée à l’heure du numérique.

Soukhoï s’est aussi adapté aux normes de gestion des programmes et de coûts de ses partenaires occidentaux, estimaient mercredi les responsables de Safran, Thales et Alenia sur place.

L’Italien Alenia a poussé le partenariat jusqu’à prendre 25% du capital de Soukhoï Aviation civile en juin 2007.

C’est d’ailleurs en Italie que le Superjet a obtenu son premier contrat hors de Russie, à l’occasion du salon aéronautique du Bourget en juin dernier avec la commande ferme de 10 appareils par ItAli Airlines, livrables de 2009 à 2011.

Les autres clients occidentaux potentiels ne se sont pas encore déclarés, mais Air France a manifesté son intérêt bien qu’il ait récemment commandé des Embraer, selon les industriels qui espèrent aussi la clientèle de Lufthansa.

Soukhoï et ses partenaires ont d’emblée mis au point un avion et des moteurs adaptés pour 100 places, offrant cinq sièges de front, alors que les rivaux Embraer et Bombardier ont allongé des avions plus petits et que l’Airbus A318 ou le Boeing 737-600 souffrent au contraire d’être des versions raccourcies d’avions plus lourds.

“Nous avons trouvé notre place”, juge Mikhaïl Pogossian en envisageant une version à 55 places et une autre à 110 pouvant concurrencer le petit Airbus A318, mais sans aller chasser plus loin sur les terres d’Airbus et de Boeing.

Sur un marché des avions de 70 à 100 places évalué à 5.000 avions dans les 15 à 20 ans qui viennent, M. Pogossian vise plus de 1.000 ventes, tablant à la fois sur “le confort et l’efficacité” mais aussi sur un prix de 28 millions de dollars, inférieur de 25% à celui de l’Embraer 190.

Il n’a pour l’instant reçu que 73 commandes, principalement russes, mais table déjà sur 100 commandes d’ici à la fin de l’année. Les industriels pensent que l’afflux de commandes occidentales viendra à partir des premières livraisons espérées fin 2008.

Dès 2009, Soukhoï prévoit de produire une trentaine d’avions, puis plus de 60 par an à partir de 2010, et il considère que le programme deviendra rentable à partir du 300e appareil.

 26/09/2007 09:22:41 – © 2007 AFP