L’Europe veut réagir face à l’envolée des prix des céréales

 
 
CPS.HHQ27.260907205642.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Des agriculteurs travaillent le 18 juillet 2007 à Audrieu près d’une parcelle en jachère (Photo : Mychele Daniau)

[26/09/2007 18:57:10] BRUXELLES (AFP) L’Union européenne envisage de lever temporairement ses droits de douane sur les importations de céréales pour faire face aux difficultés d’approvisionnement et à la flambée des prix, qui se répercute sur les produits de base comme le pain, les pâtes ou le lait.

Dans le contexte actuel de tension du marché mondial, le maintien de ces droits constitue “une anomalie”, a estimé la commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel à l’issue d’un conseil agricole européen à Bruxelles.

“Dans les prochains jours, je vais proposer la suspension totale pendant un an des droits de douane sur les céréales” pour l’année commerciale en cours qui a débuté le 30 juin 2007 et court jusqu’en juillet 2008, a-t-elle déclaré.

Cela permettra d’importer à moindre prix les céréales étrangères dans l’UE et de répondre ainsi à l’augmentation de la demande.

Ces droits sont limités, inférieurs à 10%, et la commissaire a reconnu que l’effet de la suspension ne serait donc “pas énorme”, mais il aura à ses yeux valeur “de signal”.

Il reste toutefois à la Commission d’emporter l’adhésion des pays membres de l’UE. Une grande majorité d’entre eux se sont dit favorables mercredi à cette mesure, mais la France, première puissance agricole europénne, a émis des réserves.

“Si on supprime les barrières tarifaires, il est très difficile d’imaginer qu’on pourra les réintroduire plus tard”, a dit le ministre français de l’agriculture Michel Barnier. A ses yeux, il s’agit d’une “mauvaise réponse à une vraie question”.

Si une telle mesure devait être malgré tout adoptée, elle constituerait une rupture pour l’Union européenne, dont la politique agricole commune consiste depuis des décennies à protéger ses exploitants de la concurrence mondiale au moyen de solides barrières douanières.

Ces droits de douane sont d’ailleurs au centre du bras de fer que l’Union européenne livre aux Etats-Unis et aux pays émergents dans le cadre des négociations à l’OMC sur la libéralisation du commerce mondial.

Mais le contexte a aujourd’hui changé car les prix des matières premières agricoles s’envolent.

Le tarif du maïs a bondi de 85% entre 2005 et 2006. Celui du blé a augmenté de 60% depuis l’an dernier. Cette tendance se répercute sur les prix de nombreuses denrées alimentaires, comme les pâtes ou le pain, mais aussi les produits laitiers, puisque les céréales sont aussi utilisées pour nourrir le bétail.

En cause: des aléas climatiques, mais aussi une demande en forte hausse, alimentée par les pays émergents comme la Chine ou l’Inde où les habitudes alimentaires changent, et le développement des biocarburants.

Pour parer au plus pressé, les ministres européens ont décidé mercredi de supprimer pendant un an la mise en jachère obligatoire de terres céréalières dans l’UE.

“Ce changement vise à répondre à la situation de plus en plus tendue sur le marché des céréales. Il devrait permettre d’augmenter la récolte de céréales de l’année prochaine de 10 millions de tonnes au moins”, a souligné la Commission.

L’envolée de la demande et des prix oblige l’Union européenne à s’interroger sur les fondements même de sa politique agricole, focalisée jusqu’ici sur la maîtrise des volumes.

Les fameux quotas laitiers sont ainsi remis en cause. Une vingtaine de pays ont demandé mercredi lors du conseil leur relèvement face à la hausse des prix. La Commission s’est dite prête à en discuter mais seulement à partir d’avril 2008.

La présidence portugaise de l’UE a pour sa part proposé, avec le soutien de la France, de constituer des réserves céréalières stratégiques pour faire face aux aléas, sur le modèle de ce qui se fait avec les stocks de pétrole.

 26/09/2007 18:57:10 – © 2007 AFP