[26/09/2007 19:31:00] GENEVE (AFP) La fuite des capitaux des pays africains depuis leur indépendance, 400 milliards USD en 30 ans, représente près de deux fois la dette du continent, a estimé mercredi l’agence de l’ONU pour le développement (Cnuced) qui a appelé les Africains à puiser dans leurs ressources propres. Au moins 400 milliards de dollars ont quitté les pays africains depuis que ceux-ci ont commencé à s’endetter au milieu des années 1970, a calculé un expert de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), Samuel Gayi. Ce montant représente près du double de la dette africaine (215 milliards), a observé M. Gayi devant la presse à Genève. “L’Afrique est créancière nette du reste du monde”, a ajouté l’économiste en présentant le rapport annuel de la Cnuced sur “Le développement économique en Afrique”. Entre 1991 et 2004, la fuite des capitaux a représenté chaque année en moyenne 13 milliards de dollars, “soit un pourcentage vertigineux de 7,6% du produit intérieur brut (PIB) annuel” du continent, relève la Cnuced. Pour la seule année 2003, les sorties de capitaux auraient atteint les 30 milliards USD. Dans certains cas, c’est la dette elle-même qui aurait fourni les fonds pour les sorties de capitaux, note le rapport. “La fuite des capitaux continue de priver les pays africains d’une quantité considérable de ressources pour l’investissement”, déplorent ses auteurs. “Si ces ressources étaient allouées à des investissements productifs, elles permettraient de créer des emplois et de fournir des revenus à de larges segments de la population”, estime la Cnuced. Afin de “stopper cette hémorragie financière”, la Cnuced suggère aux gouvernements africains d’envisager une amnistie temporaire sur le rapatriement de capitaux “sans poser de questions” sur l’origine des fonds. “Les pays africains pourraient renverser le mouvement de fuite des capitaux s’ils créaient suffisamment de possibilités d’investissement qui puissent intéresser leurs ressortissants vivant à l’étranger”, selon le rapport. Plus généralement, l’organisme onusien appelle à “mobiliser les ressources financières intérieures cachées des pays africains”. La Cnuced suggère ainsi de “formaliser” le secteur informel afin d’élargir l’assiette fiscale. Elle appelle à réduire par exemple des frais de création d’entreprise “particulièrement onéreux en Afrique” comme l’ont fait “spectaculairement” l’Ethiopie ou la Guinée Equatoriale. La Cnuced plaide aussi pour une réglementation moins rigide du marché du travail, afin qu’un plus grand nombre de travailleurs sortent du secteur informel. La part de l’économie cachée par rapport au PIB atteint 45% en moyenne, mais elle varie considérablement d’un Etat à un autre, s’inscrivant à 58% en Tanzanie contre 28% seulement en Afrique du Sud. En conséquence, les recettes fiscales ne représentent que 16% du PIB en Afrique, soit la moitié de la moyenne des pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). La perception des impôts est “difficile” reconnaît la Cnuced, qui y voit pudiquement le reflet de “la médiocre légitimité accordée à l’Etat”. “Les impôts ne sont pas généralement perçus comme servant à améliorer la prestation des services publics”, remarquent les auteurs du rapport. |
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