Electroménager : Le cahier de charge sauvera-t-il la branche ?

Électroménager: Le cahier de charge sauvera-t-il la branche ?

Propos recueilli par Ghada KAMMOUN

brahem1.jpgLes
crashs qu’ont connus Batam, Donia Général Electronique, Kallel… ne nous
laissent pas indifférents à l’égard des origines de ces défaites
successives.
Comment se porte la branche de l’électroménager en Tunisie ? Quelles sont
les causes des difficultés que connaît cette branche ? Et enfin quelles sont
les solutions pouvant ouvrir de nouveaux horizons devant les opérateurs de
ce secteur ?

M. Braham Mohamed Ameur, Président de la Chambre Syndicale Nationale des
détaillants en électroménager, nous a apporté dans cette interview, quelques
éclaircissements sur la branche en question …

En votre qualité de Président de la Chambre Syndicale Nationale des
détaillants en électroménager, comment jugez-vous la branche ?

La branche de l’électroménager en Tunisie est une branche complexe et
instable, où toute personne peut travailler, avec ou sans patente et
assujettie ou non à la TVA. On trouve par exemple, des fonctionnaires, qui
sont en même temps des vendeurs d’électroménager.

Des pratiques pareilles sont incorrectes et interdites par la loi, parce que
tout d’abord, pour vendre de l’électroménager il faut avoir une patente, et
ensuite il est strictement interdit d’occuper deux fonctions.

Or, ces étrangers à la branche, ne se soucient pas de travailler dans le
désordre et sans tenir compte de leurs obligations vis-à-vis de ce métier :
ils achètent et vendent par exemple sans factures.

Ces pratiques font malheureusement que beaucoup de grandes sociétés
renommées dans ce domaine, trouvent des difficultés.

La branche n’a jamais connu un état de désordre comme celui qu’elle connaît
maintenant : les fournisseurs vendent comme bon leur semble, les
commerçants aussi, et le client ne cherche pas dans les détails, l’essentiel pour
lui, c’est qu’il achète à un prix moins cher.

Vous pouvez malheureusement trouver qu’on vende de l’électroménager dans les
marchés, juste à côté des légumes, ou aussi sur les trottoirs !

On trouve également des « marchands ambulants » qui se servent de camions
pour vendre de l’électroménager à un prix moindre que celui de l’usine.

Qu’est-ce qui explique des pratiques pareilles d’après-vous ?

Le vendeur conclut un accord avec le fournisseur : il paye en espèces et
achète sans facture et ne paye donc pas de TVA par la suite. Ainsi il est
gagnant, il vend les 3 ou 4 pièces qu’il a achetées et revient pour en avoir
d’autres faisant recours à ces mêmes pratiques douteuses.

Le premier souci de ces gens, c’est le gain matériel indépendamment des
moyens de le réaliser.
Je connais des grossistes qui ne sont pas assujettis à la TVA. Ils ne payent
que 50 dinars par an, ce qui est aberrant.

Une autre pratique incorrecte : l’obtention d’une patente au nom d’un proche
(la femme, la fille, la sœur…) pour échapper aux problèmes.
Malheureusement, la branche de l’électroménager connaît un état de désordre
absolu, où les personnes en règles sont défavorisées par rapport à celles
qui travaillent dans l’illégalité.

Est-ce que ce sont les mêmes causes précitées qui ont agit dans les trois
cas de Batam, Donia Général Electronique, Kallel… ?

Outre les causes communes, citées auparavant, les difficultés qu’ont connus
ces sociétés, sont également dues à la mauvaise gestion et à des
investissements de prestige.

Dans la branche de l’électroménager, le gain est limité, de ce fait il n’est
pas très conseillé d’investir une grande somme d’argent par exemple dans
l’achat d’un fonds de commerce.

Quelles éventuelles solutions, proposeriez-vous ?

En l’espace de huit ans, l’état de la branche de l’électroménager ne fait
que se compliquer davantage.
Nous souhaitons vraiment parvenir à dépasser ensemble les handicapes que
connaît la branche: vente illégale, absence de facture, de service après
vente…
Pour ce faire, il est indispensable d’organiser et de réglementer la
branche.

Nous travaillons actuellement, avec le ministère du commerce, sur
l’élaboration d’un cahier de charges régissant notre branche d’activité. Ce
cahier mettra noir sur blanc les différentes conditions d’adhésion à notre
métier et contribuera certainement à revitaliser la branche de
l’électroménager en Tunisie.