[27/09/2007 14:01:22] DEAUVILLE (AFP) Le groupe Lucien Barrière, numéro un des exploitants de casinos en France, prépare un site internet pour 2008, misant, à l’instar de ses concurrents, sur la libéralisation des jeux en ligne en France sous la pression de la Commission européenne. Dans un contexte morose pour les casinos, dont l’activité a accusé le coup de la mise en place des contrôles d’identité en novembre 2006, “il faut trouver des relais de croissance avec internet”, a déclaré jeudi Dominique Desseigne, président du conseil de surveillance. Dès le premier trimestre 2008, le groupe compte ouvrir un site de jeux en ligne: en France, où les jeux du hasard sur internet restent interdits, le site sera non lucratif, alors qu’il sera payant dans les pays qui les autorisent ou tolèrent. En offrant aux internautes français la possibilité de s’exercer sur le poker ou la roulette virtuels, le groupe reste en embuscade pour s’engouffrer dans la brèche si le gouvernement donne son feu vert pour lever le monopole. “Nous comptons beaucoup sur la Commission européenne pour faire bouger les choses, nous n’avons aucune certitude, mais bon espoir”, a commenté M. Desseigne en marge du salon professionnel du tourisme Top Résa à Deauville. Le ministre du Budget Eric Woerth a déclaré lundi que le gouvernement n’était “pas hostile à une ouverture” du monopole sur les paris sportifs sur internet, comme le demande la Commission européenne, à condition qu’elle soit “maîtrisée”. Il a précisé que les demandes de Bruxelles sur la fin du monopole de l’Etat français portaient uniquement sur les paris sportifs sur internet, et pas sur les autres types de jeux. “Il a ouvert une porte pour les paris sportifs, comptez sur moi pour mettre le pied dans la porte”, a réagi jeudi M. Desseigne. De son côté, Patrick Partouche, dirigeant du groupe de casinos du même nom et concurrent du groupe Lucien Barrière, a souhaité que la déclaration de M. Woerth soit “suivie d’effets”. Il s’agit enfin d’une “réponse intelligente et cohérente du gouvernement français aux questions qu’on se pose depuis dix ans”, a-t-il dit à l’AFP. Précurseur dans ce domaine, Patrick Partouche, était parti en croisade contre le monopole de l’Etat dès 2001, n’hésitant pas à tenter de contourner la législation française. En mars dernier, il a été condamné par le tribunal correctionnel de Nanterre à 12 mois de prison avec sursis et 40.000 euros d’amende pour avoir prêté son nom à un site internet de jeux de poker basé dans le paradis fiscal de Bélize. Le groupe Lucien Barrière exclut une telle démarche. “Un joueur français qui nous contacte avec sa carte bancaire française depuis son ordinateur basé en France se verra refuser l’accès” à un futur site payant du groupe à l’étranger, assure Nicolas Ricat, membre du directoire. La version marchande du site, qui prendra sa licence à Malte, devrait être ouverte dans un premier temps en Grande-Bretagne, et éventuellement en Suisse, Italie ou Espagne, pays qui passent pour “tolérants” en la matière. Le projet, baptisé Barrière Interactive Gaming (BIG), est préparé conjointement avec le producteur de jeux vidéo MKO games (un partenariat de Mk2 et d’Onyx Films). De son côté, M. Partouche, qui a fait appel de sa condamnation, entend “continuer à développer ses projets”. “J’ai de l’avance sur la concurrence”, dit-il. La France a jusqu’à fin octobre pour répondre aux critiques de la Commission européenne sur les monopoles du PMU et de la Française des Jeux sur les paris sportifs. |
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