[28/09/2007 18:59:46] WASHINGTON (AFP)
Le Français Dominique Strauss-Kahn a été nommé vendredi à la tête du Fonds monétaire international (FMI), qu’il a aussitôt promis de réformer en profondeur, pour répondre aux nombreuses critiques adressées à cette institution sexagénaire. “A l’issue d’entretiens avec les deux candidats, les administrateurs ont évalué les forces des deux individus en lice et ont choisi M. Strauss-Kahn par consensus”, a indiqué l’institution multilatérale dans un communiqué. A 58 ans, l’ancien ministre socialiste devient le quatrième patron français de l’institution de Washington. Il succédera le 1er novembre au conservateur espagnol Rodrigo Rato, démissionnaire pour motif personnel. “C’est pour moi une joie, un honneur et une responsabilité”, a réagi l’intéressé, soulignant “la puissante légitimité que (lui) donne le très large soutien dont (il a) bénéficié, notamment dans les pays émergents et des pays à bas revenus”. “Je suis déterminé à engager sans tarder les réformes dont le FMI a besoin pour mettre la stabilité financière au service des peuples en favorisant la croissance et l’emploi”, a-t-il ajouté dans un communiqué. Soutenu par l’Union européenne, le Français était en compétition avec Josef Tosovsky, candidat tchèque présenté par la Russie. Economiste reconnu, M. Strauss-Kahn s’est toujours voulu l’avocat d’un “socialisme du réel”. Né le 25 avril 1949, professeur d’économie et avocat d’affaires, ce polyglotte affiche une allure élégante et décontractée qui lui a souvent valu l’étiquette de dilettante, récusée par ses proches. Soucieux de ne pas apparaître comme le candidat du Nord contre le Sud pour prendre la tête de cette institution en crise de légitimité, M. Strauss-Kahn avait choisi d’attendre, à Santiago du Chili, le verdict des 24 membres du conseil d’administration. Il devait aussitôt rentrer à Paris. Par tradition, les Européens choisissent le directeur général du FMI, alors que les Américains désignent le président de la Banque mondiale, l’institution soeur, elle aussi née après-guerre des accords de Bretton Woods. Sur les rangs depuis début juillet, M. Strauss-Kahn disposait d’une longueur d’avance sur son challenger de dernière minute. Adoubé par les Etats-Unis, il avait mis à profit les semaines précédant l’élection pour consolider sa candidature, notamment dans les pays en développement. Il a effectué cet été un quasi tour du monde, parcourant selon ses dires “60.000 miles” (100.000 kilomètres) à la rencontre de ses électeurs, qui représentent les 185 Etats membres. Son rival Josef Tosovsky, un banquier central de carrière, brièvement Premier ministre tchèque, qui fête vendredi son 57e anniversaire, bénéficiait d’appuis plus ténus même s’il s’est posé en défenseur des nations les moins puissantes. En France, majorité et opposition ont accueilli avec le même enthousiasme la nomination du candidat socialiste à la tête de cette institution internationale. Le président français, qui soutenait la candidature Dominique Strauss-Kahn, a aussitôt salué “une grande victoire pour la diplomatie française”, ajoutant: “c’est ça l’ouverture”. De son côté, Pierre Moscovici, responsable des questions internationales au Parti socialiste français, a jugé que c’est “une bonne nouvelle pour la France, pour les socialistes et (…) pour le monde”. M. Strauss-Kahn s’est engagé – plus ou moins explicitement – à mettre entre parenthèse d’éventuelles ambitions pour la présidentielle de 2012 en France. “Cette tâche nécessite au moins un mandat de cinq ans sur lequel je m’engage”, avait-il promis au conseil d’administration. La nomination de M. Strauss-Kahn coïncide avec le départ de l’administrateur français du Fonds, Pierre Duquesne, ex-conseiller économique de Lionel Jospin à Matignon et cheville ouvrière de la campagne du responsable socialiste à Washington. Son successeur, Ambroise Fayolle, issu de la direction du Trésor, prend ses fonctions vendredi. |
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