“Coup de blues” des ménages français en septembre préoccupant pour la croissance

 
 
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Des passants dans une rue de Paris le 27 juin 2007 (Photo : Martin Bureau)

[28/09/2007 13:21:01] PARIS (AFP) Les Français ont accusé une nette baisse de moral en septembre, un “coup de blues” dû pour certains économistes à la crise financière de l’été et à la fin de l’état de grâce de Nicolas Sarkozy mais qui pourrait peser sur la croissance, déjà molle au premier semestre.

“Après le semblant d’euphorie qui avait caractérisé les mois suivant l’élection de Nicolas Sarkozy, le moral des ménages a chuté nettement en septembre”, passant de -15 en juillet à -21 points selon l’Insee, “soit son plus faible niveau depuis mars, à la fin de l’ère Chirac”, relève Alexander Law, du cabinet Xerfi.

Cette dégradation marque “la fin de la Sarkomania”, renchérit Nicolas Bouzou (Astérès) qui souligne que “toutes les composantes de l’indice sont en dégradation”, la baisse la plus notable concernant l’opinion des ménages sur les perspectives d’évolution de leur niveau de vie (-26 contre -11).

Les ménages sont également plus pessimistes sur leur situation financière future et sur l’opportunité de faire des achats importants, a précisé l’institut national de la statistique.

“Les Français ont perdu un peu confiance en l’avenir”, résume Alexander Law estimant toutefois qu’il serait “caricatural de tout réduire à un soudain désamour politique”.

Outre la crise financière provoquée cet été par le marché des prêts hypothécaires américains (“subprime”), les économistes pointent du doigt les difficultés économiques propres à la France et plaident de nouveau pour des réformes.

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Evolution trimestrielle du PIB français (Photo : Patrice Deré)

“Depuis le sympathique mais très limité paquet fiscal” voté cet été, “le gouvernement n’a pris aucune décision économique tangible”, estime Nicolas Bouzou, pour qui “la rupture se fait attendre”.

Soulignant le léger recul du pouvoir d’achat au deuxième trimestre, l’économiste s’inquiète en outre du manque de confiance des ménages dans une prochaine amélioration des chiffres du chômage. De fait, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits fin août à l’ANPE a augmenté de 0,6%, à 1,970 million.

Les économistes redoutent surtout que la baisse du moral des ménages ne se traduise par une baisse de la consommation, principal moteur d’une croissance française pâlichonne depuis le début de l’année.

Certes, la consommation a gagné 0,6% au deuxième trimestre, la plus forte progression depuis début 2006, “mais rien ne garantit qu’un tel dynamisme se poursuive en fin d’année”, prévient Alexander Law.

Or la consommation des ménages a été à elle seule responsable du gain de 0,3 point de croissance au deuxième trimestre. Plombé par un déficit commercial grandissant, le PIB de la France n’a dans l’ensemble progressé que de 0,3% sur cette période, a confirmé l’Insee, qui a en revanche révisé en légère hausse le chiffre du 1er trimestre, à 0,6%.

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Le moral des ménages français (Photo : Laurence Saubadu)

En cas de ralentissement soutenu de la consommation, l’hypothèse de croissance 2008 du gouvernement, comprise entre 2% et 2,5%, “deviendrait non seulement caduque mais surtout irréaliste”, avertit Alexander Law.

Les chiffres fournis par l’Insee sont également préoccupants pour la situation des entreprises, dont la rentabilité a baissé pour le quatrième trimestre consécutif. “Avec des profits aussi bas, les entreprises ne peuvent ni investir ni exporter ni augmenter les salaires”, analyse M. Bouzou.

Pour noircir un peu plus le tableau, l’Insee a annoncé que la dette publique atteignait environ 66,6% du PIB de la France à fin juin, largement au-dessus des exigences du pacte de stabilité européen (60%).

Bercy s’est aussitôt voulu rassurant, affirmant qu’il ne s’agissait que d’une “hausse transitoire” essentiellement saisonnière et mécanique. Le gouvernement a confirmé son objectif d’une dette à 64,2% pour la fin 2007.

 28/09/2007 13:21:01 – © 2007 AFP