[28/09/2007 21:26:43] BRUXELLES (AFP) Les dirigeants européens, après avoir longtemps minimisé l’impact de l’euro fort, se sont clairement dits préoccupés vendredi par l’appréciation de la monnaie, qui commence à miner la confiance des entreprises et des consommateurs. Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe (forum des ministres des Finances de la zone euro) , a indiqué à l’AFP que les pays de la zone euro envisageaient d’interpeller le G7 au sujet de l’appréciation de la monnaie unique, qui commence à les “préoccuper beaucoup”. Lors de la réunion des ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du G7 prévue le mois prochain à Washington, “nous allons sans doute renforcer le message que nous avons adressé à nos partenaires (sur l’euro) lors des réunions précédentes” de ce forum, regroupant les Etats-Unis, le Japon, le Canada, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Italie, a déclaré M. Juncker. Lancé à l’origine en 1999 à quelque 1,17 dollar, l’euro n’en finit pas de grimper. Il a dépassé pour la première fois le seuil de 1,42 dollars vendredi. La ministre française de l’Economie Christine Lagarde a indiqué vouloir contacter ses homologues européens “dès la semaine prochaine”, afin de “parvenir à des propositions”. Le niveau de l’euro “met les marges de nos entreprises exportatrices en péril, pas seulement pour les sociétés françaises mais également pour toutes les sociétés européennes”, a-t-elle ajouté. Dans une interview au Figaro vendredi, le commissaire européen aux affaires économiques, Joaquin Almunia, a également reconnu que la faiblesse du dollar face à l’euro était “préoccupante”, alors qu’il s’était jusqu’ici toujours voulu rassurant. Cette hausse présente l’avantage de limiter la facture énergétique des Européens, payée pour l’essentiel en dollar. Mais elle pénalise aussi leurs entreprises sur les marchés mondiaux face à leurs concurrentes d’Asie ou des Etats-Unis. “Chaque fois que le dollar perd 10 cents, nous perdons 1 milliard d’euros par an”, a souligné cette semaine le président du groupe européen d’aéronautique et de défense EADS, Louis Gallois. M. Juncker s’en est justement pris aux Etats-Unis, que nombre d’économistes accusent de s’accomoder parfaitement de la baisse du billet vert à un moment où la première économie mondiale ralentit, mais aussi à la Chine et au Japon, soupçonnés d’encourager la faiblesse de leurs monnaies. La croissance européenne, qui avait retrouvé de la vigueur l’an dernier et au début de 2007, commence à donner des signes de faiblesse. En septembre, l’indice de confiance économique dans la zone euro, qui résume l’opinion des chefs d’entreprise et des consommateurs, a reculé de près de trois points à son plus bas niveau depuis plus d’un an, selon une enquête publiée vendredi par la Commission européenne. Pour ne rien arranger, l’inflation redémarre. Les prix à la consommation en zone euro ont augmenté de 2,1% en septembre en glissement annuel, soit la plus forte inflation depuis un an, selon des chiffres publiés aussi vendredi. En cause: le bond des prix de l’énergie mais également des produits alimentaires, du fait de l’envolée des tarifs des matières premières agricoles. Cette situation place la Banque centrale européenne face à un dilemme. Elle peut être tentée de remonter ses taux directeurs pour freiner l’inflation, mais avec pour risque de propulser la monnaie unique vers de nouveau records, les placements en zone euro devenant en effet plus attrayants. |
||
|