Equateur : un scrutin visant à renforcer le pouvoir de l’Etat sur l’économie

 
 
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Affiches électorales à Quito le 27 septembre 2007 (Photo : Rodrigo Buendia)

[30/09/2007 10:11:29] QUITO (AFP) L’élection d’une nouvelle Assemblée constituante dimanche en Equateur vise en priorité à renforcer le pouvoir de l’Etat, dirigé par le président socialiste Rafael Correa, sur l’actuelle économie libérale du pays.

“Il faut en finir avec les mythes du néo-libéralisme”, répète inlassablement Rafael Correa qui prône “un socialisme du XXIe siècle”.

Bien qu’hostile au modèle communiste, Correa a convoqué l’élection d’une nouvelle Assemblée constituante afin de mettre un terme au monopole des banques, accroître le contrôle de l’Etat en tant que régulateur de l’économie et se porter garant d’un système d’éducation et de santé gratuites.

Toutefois, M. Correa exclut la nationalisation des moyens de production ou la fin de la propriété privée.

“L’Equateur a besoin d’un nouveau modèle économique qui créé une société de producteurs et de propriétaires, ce que ne permet pas la constitution actuelle qui favorise le monopole”, soutient le ministre de l’Intérieur Gustavo Larrea.

“L’Equateur a besoin d’une loi pour combattre les monopoles”, estime également Alfredo Acosta, qui dirige la campagne de la constituante pour le parti du président “le mouvement du pays”.

Critiquant durement le système bancaire équatorien, M. Acosta veut en finir avec les banquiers qui contrôlent les moyens de communication et les télévisions qui sont liés aux grands groupes financiers”.

“Nous ne croyons pas, dit-il, en une économie où la compétition est ouverte, qui est une lutte fratricide entre humains, nous croyons en une économie solidaire”.

Or, peu de chefs d’entreprises partagent une telle vision de l’économie.

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Rafael Correa à New York le 26 septembre 2007 (Photo : Don Emmert)

Ainsi, Patricio Donoso, le président du comité des entrepreneurs équatoriens, est pessimiste. “Il existe actuellement, estime-t-il, une insécurité juridique, une persécution et une xénophobie contre les investisseurs qui, maintenant, préfèrent les pays voisins”.

L’analyste économique Jaime Carrera, responsable de l’Observatoire de la politique fiscale, soutient également que cette réforme “va ralentir les investissements privés”. “Les implications seront dures pour l’économie et la société”, prédit-il.

Dans ce pays de 13,6 millions d’habitants, 40% des richesses sont concentrées entre les mains de 10% de la population, selon les chiffres officiels.

En plus, des plans de financement privilégiés pour les programmes sociaux – comme dans l’éducation où les fournitures scolaires et les uniformes fournis gratuitement aux élèves et étudiants depuis l’élection de Correa – l’Etat a déjà mis en place l’octoi de micro-crédits et de tarifs préférentiels notamment pour l’électricité et les carburants dans les zones populaires et rurales.

L’aide aux miséreux a doublé depuis l’accession au pouvoir de Correa passant de 15 à 30 dollars mensuels.

Lors de son élection en novembre 2006, Correa avait annoncé qu’il comptait promouvoir des mesures protectionnistes, notamment dans le secteur pétrolier, et interdire les monopoles dans le secteur bancaire.

L’Equateur, 5e producteur de pétrole en Amérique du Sud avec 536.000 barils par jour (b/j) en 2006, envisage aujourd’hui de réduire ses exportations de brut et d’appliquer une politique énergétique différente.

Pour la quatrième fois en un an, quelque 9 millions d’électeurs équatoriens se rendront dimanche aux urnes pour l’élection d’une nouvelle Assemblée constituante qui permettra au gouvernement Correa de réformer la Constitution et de dissoudre le Congrès dominé par l’opposition de droite.

Correa, qui a rejoint le camp des pays sud-américains progressistes dirigé par son homologue vénézuélien Hugo Chavez, a d’ores et déjà indiqué qu’il démissionnerait en cas d’élection défavorable.

 30/09/2007 10:11:29 – © 2007 AFP