[30/09/2007 11:12:04] DOHA (AFP) Le Qatar, une richissime petite monarchie du Golfe qui a récemment pris des participations dans la Bourse de Londres et dans l’opérateur boursier nordique et balte OMX, affiche désormais ses ambitions de devenir un acteur économique d’importance mondiale et de concurrencer Dubaï. L’émirat, qui a fait une offre pour la chaîne britannique de supermarchés Sainsbury, souhaite diversifier ses sources de revenus, malgré ses énormes richesses gazières. “Il y a une volonté évidente de la part du Qatar de diversifier ses sources de revenus pour assurer l’avenir des générations futures en prévision du tarissement de ses ressources énergétiques”, a déclaré à l’AFP l’économiste Bachir al-Kahlut. Qatar Holding, une filiale à 100% de l’Autorité d’Investissement du Qatar (QIA, contrôlée par l’émirat), a annoncé le 20 septembre avoir acquis 20% des parts du London Stock Exchange (LSE), participation ensuite portée à près de 24%. Le Qatar, qui est membre de l’Opep, mais dispose surtout des troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, a également acquis 9,98% du capital d’OMX, une initiative témoignant d’une rivalité croissante avec l’émirat voisin de Dubaï, l’une des composantes de la fédération des Emirats arabes unis. Le holding boursier de Dubaï, Borse Dubai, s’est allié au Nasdaq, la bourse électronique new-yorkaise, pour prendre le contrôle d’OMX. Les deux sociétés ont annoncé la semaine dernière qu’ils détenaient désormais 47,6% du capital de l’opérateur nordique et balte, mais la possibilité d’une contre-offre de la QIA n’est pas écartée. Contrairement à Dubaï, qui n’a pratiquement plus de pétrole et dépend totalement de l’industrie et surtout des services, notamment du tourisme, le Qatar peut appuyer sa stratégie d’investissements à l’étranger sur une richesse énergétique considérable. Le Qatar “recueille les fruits d’une stratégie de développement lancée par le gouvernement dans les années 1990 et basée sur une ouverture de l’économie parallèlement à un plan clair de diversification de ses sources de revenus”, affirmait en juin la Banque nationale du Koweït dans un rapport. Les prises de participation dans les marchés boursiers européens font partie d’une stratégie visant à constituer “un portefeuille d’investissements à long terme (…) qui renforcera la position du Qatar comme l’un des principaux centres financiers et d’investissement de la région”, a expliqué la QIA. Le fonds d’investissement qatari Delta Two, contrôlé par la QIA, a aussi offert 10,6 milliards de livres (21,36 milliards USD) pour Sainsbury, numéro trois de la distribution en Grande-Bretagne, dont il possède déjà le quart du capital. Présidée par le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al-Thani, la QIA gère des avoirs qui, en l’absence de tout chiffre officiel, sont estimés à quelque 50 milliards USD. Le Qatar étudie également la possibilité de prendre une participation dans le groupe aéronautique et de défense européen EADS, propriétaire d’Airbus. “Le Qatar a enregistré ces dernières années des excédents budgétaires substantiels qu’il ne peut pas investir entièrement à l’intérieur du pays de crainte d’accentuer l’inflation”, explique M. Kahlut. Officiellement estimée à 11,8% en 2006, l’inflation a atteint 12,8% en rythme annuel au deuxième trimestre de cette année. Ibrahim al-Ibrahim, conseiller économique au cabinet de l’émir, rappelle que le Qatar veut réduire sa dépendance par rapport au secteur énergétique, qui représente actuellement 87% de ses recettes d’exportation. Le ministre des Finances, Youssef Kamal, avait déclaré en mai que l’objectif était de ramener à 20 ou 25% en 2015 la part du gaz et du pétrole dans ses revenus. Le Qatar, qui compte 900.000 habitants, dont à peine 200.000 nationaux, est l’un des pays les plus riches du monde avec un revenu annuel par tête de 63.000 dollars, selon la Banque nationale du Koweït. |
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