Romano Prodi entend continuer sur la voie de la rigueur

 
 
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Romano Prodi et son ministre de l’Economie Tommaso Padoa-Schioppa à Rome le 29 septembre 2007 (Photo : Alberto Pizzoli)

[30/09/2007 13:44:54] ROME (AFP) Comme s’il était indifférent aux sondages et à sa position politique précaire, Romano Prodi entend imposer à l’Italie pour la seconde année consécutive une cure d’austérité et de rigueur budgétaire destinée à faire revenir le pays dans le peloton de tête de l’UE.

“Mon objectif c’est que la croissance italienne se situe rapidement au-dessus de celle de la moyenne de l’Union européenne” a-t-il déclaré samedi lors d’un déjeuner avec un groupe de journalistes étrangers en commentant le projet de budget 2008 adopté à l’unanimité dans la nuit par son gouvernement de coalition après un débat-marathon de onze heures.

Le gouvernement a bati son budget sur une prévision de croissance de 1,5% mais a promis de tenir ses engagements vis à vis de Bruxelles sur les déficits publics.

L’objectif est un déficit public à 2,2% du produit intérieur brut (PIB) l’an prochain après 2,4% cette année qui le ramène dans les clous du pacte européen de stabilité mais le laisse en queue de peloton par rapport aux autres pays de l’Union européenne.

“Il faut que ce pays revienne à une situation normale de ses finances publiques et pour cela nous avons besoin de continuer tranquillement dans la voie des réformes du secteur public et de la réduction de notre dette” a-t-il commenté détendu et souriant avec à ses côtés Tommaso Padoa-Schioppa, le ministre des Finances.

“Même si l’économie italienne montre actuellement des signes de ralentissement, les perspectives pour l’an prochain sont favorables”, estiment-ils.

“Les besoins des nouveaux membres de l’Union européenne avec une population aussi importante que celle de l’Allemagne nous garantissent des marges de croissance au sein de l’Union”, a estimé M. Padoa-Schioppa.

“Et puis il y a l’Asie” renchérit M. Prodi , économiste de formation et surnommé “le professeur”: “Je n’ai pas peur d’un renversement du cycle économique car l’Asie, avec ses formidables taux de croissance, nous tire vers le haut”.

Rassurés sur l’environnement économique mondial et sur le dynamisme “des 2.500 entreprises italiennes qui exportent et ne souffrent pas d’un euro fort”, les deux hommes continuent de se fixer pour mission de remettre de l’ordre dans la maison Italie”.

Le remboursement de la dette publique est de 70 milliards d’euros par an “soit 20 milliards de plus que la France”, ont-ils rappelé. L’objectif est de ramener ce service de la dette en dessous de 60 milliards au cours de la législature.

M. Prodi se défend vivement d’accroître la pression fiscale comme le lui reproche constamment l’opposition: “la pression fiscale n’augmente pas d’un euro: Tout ce que nous gagnons en luttant contre l’évasion fiscale nous le rendons aux Italiens les plus démunis et les plus faibles”, a-t-il déclaré.

Selon lui l’évasion fiscale coûte à l’Etat annuellement 100 milliards d’euros et le gouvernement a réussi à améliorer de 49% en 2007 les résultats de la lutte contre la fraude.

Politiquement cependant la position de M. Prodi s’apparente depuis le début de son gouvernement en juin 2006 à celle d’un funambule. Avec une majorité théorique d’une voix seulement au Sénat il doit composer avec une coalition hétérogène d’une dizaine de partis allant de la gauche radicale aux démocrates sociaux.

“C’est la vie”, a-t-il estimé samedi en plaisantant devant les journalistes étrangers en estimant que chaque fois que son opposant Silvio Berlusconi réclamait son départ “il rallonge la durée de mon gouvernement”.

Les sondages d’opinion sont en effet si mauvais depuis des mois pour la coalition au pouvoir qu’elle ne peut se permettre une crise gouvernementale qui renverrait le pays aux urnes et pourrait remettre en selle la coalition de droite de M. Berlusconi.

 30/09/2007 13:44:54 – © 2007 AFP