[01/10/2007 17:59:30] PARIS (AFP) De nombreux économistes et chefs d’entreprise estiment que les mesures d’exonération partielle des heures supplémentaires, entrées en vigueur lundi, devraient avoir un impact réel limité sur le pouvoir d’achat, l’emploi et la croissance. “Ca ne va pas être +travailler plus pour gagner plus+, mais plutôt +travailler autant pour gagner plus+” pour les 37% de salariés qui effectuent déjà des heures supplémentaires, résume Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). A en croire d’autres économistes, cette exonération partielle d’heures supplémentaires — environ 6,6 milliards d’euros en année pleine — est un investissement coûteux qui risque de ne pas être très rentable. Pour sa part, la ministre de l’Economie et de l’Emploi, Christine Lagarde, a a estimé à propos du dispositif voté cet été dans le cadre du “paquet fiscal”, que c’était “la première fois depuis très longtemps que l’Etat français investi(ssai)t dans le travail”. L’idée de Nicolas Sarkozy durant sa campagne présidentielle était de donner du pouvoir d’achat à tous les salariés en baissant les charges sociales sur les heures supplémentaires et en les exonérant d’impôt sur le revenu, tout en baissant le coût du travail pour inciter les entreprises à y recourir davantage, rappelle M. Heyer. Mais à l’exonération totale de charges sociales, le gouvernement a préféré un abattement forfaitaire: 1,50 euro par heure pour les entreprises de 20 salariés ou moins, et 0,50 euro par heure pour les autres. Parallèlement, la nouvelle loi uniformise la majoration des heures sup’ au taux de 25%, alors qu’il n’était auparavant que de 10% pour les entreprises de moins de 21 salariés. Résultat: ce surcoût fera perdre à ces entreprises “l’avantage compétitif” dont elles bénéficiaient, déplorent la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) et l’Union professionnelle artisanale (UPA). Un impact d’autant plus lourd pour l’activité économique que sur les 900 millions d’heures suppl émentaires travaillées chaque année en France, 75% sont consommées par les sociétés employant 20 personnes ou moins. “Pour les salaires jusqu’à 1,3 fois le SMIC, l’abattement forfaitaire compense l’augmentation du coût du travail, mais pas au-delà”, souligne Eric Heyer. “Une heure supplémentaire coûte toujours plus cher qu’une heure normale et dans certains cas, elle coûte même plus cher maintenant qu’avant la mesure”, résume l’économiste. “Dans ces conditions, il n’y a pas de véritable baisse du coût du travail” et donc pas d’impact notable sur l’emploi, conclut-il. Pour lui, les principaux secteurs qui pourraient bénéficier de la mesure sont ceux où les salariés sont peu qualifiés et font beaucoup d’heures supplémentaires, comme le BTP, la restauration et la grande distribution. A condition que les patrons aient les moyens et la volonté d’y recourir, précise-t-il. Pour l’OFCE, le gain de pouvoir d’achat augmentera légèrement la consommation, avec une hausse de 0,6% du revenu des ménages. “Si ça rapporte 0,1 à 0,2 point de croissance, c’est bien le maximum”, estime Marc Touati, du cabinet ACDEFI. Selon les économistes, la mesure ne devrait pas changer la donne pour les 17% de salariés travaillant à temps partiel et elle pourrait même s’avérer néfaste pour les travailleurs intérimaires, que les chefs d’entreprises seront incités à remplacer par des heures supplémentaires en interne. Des experts pointent aussi un risque pour l’Etat: la tentation pour les entreprises de faire financer par les pouvoirs publics des augmentations de salaires sous la forme d’heures supplémentaires fictives. |
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