Norvège : naissance d’un géant du pétrole ternie par des soupçons de corruption

 
 
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[01/10/2007 11:15:28] OSLO (AFP) StatoilHydro, nouveau géant norvégien des hydrocarbures, a officiellement été porté sur les fonts baptismaux lundi, un baptême toutefois assombri par des soupçons de corruption liés à des avoirs libyens.

Né du rachat par Statoil de la division Pétrole et Energie de Norsk Hydro pour 191,5 milliards de couronnes norvégiennes (24,9 milliards d’euros) en titres, StatoilHydro devrait compter parmi les 10 premiers groupes pétroliers au monde.

Avec 31.000 employés dans 40 pays, elle affiche une production excédant 1,7 million de barils équivalent-pétrole par jour (bep/j) en Norvège, dans le Golfe du Mexique, au Canada ou encore en Angola, et des réserves de 6,8 milliards de barils.

Longtemps pressenti et finalement annoncé le 18 décembre, le rapprochement des deux groupes a été accéléré par leur échec à décrocher une part dans l’énorme gisement gazier Chtokman du russe Gazprom en mer de Barents.

Face à l’amenuisement des ressources sur le socle norvégien, aucune des deux compagnies n’avait la taille critique pour être véritablement compétitive à l’international.

En cessant de se concurrencer et en regroupant leurs forces, les deux groupes sont aujourd’hui mieux armés pour partir à la conquête du monde: StatoilHydro est ainsi de nouveau en pourparlers avec Gazprom sur Chtokman.

Poids lourd de la Bourse d’Oslo, StatoilHydro sera dans un premier temps contrôlée à 62,5% par l’Etat norvégien, une part qui sera ensuite portée à 67%. Lundi, au premier jour de sa cotation, le mastodonte était valorisé à plus de 582 milliards de couronnes norvégiennes (75,6 milliards d’euros).

Allégé de ses hydrocarbures, Norsk Hydro va maintenant se concentrer sur l’aluminium, un secteur où il est l’un des principaux producteurs au monde.

La naissance officielle de StatoilHydro a cependant été ternie par des soupçons de corruption liés à des avoirs libyens, qui vont faire l’objet d’une “enquête externe”.

“L’objectif est de déterminer si certains aspects de ces activités pourraient être en conflit avec les lois internationales et norvégiennes”, a indiqué StatoilHydro dans un communiqué.

Dans un communiqué séparé, Norsk Hydro a expliqué que, lors du processus de fusion de ses hydrocarbures avec Statoil, “des questions ont été soulevées quant au portefeuille libyen”, un portefeuille (25% dans le champ Mabruk et 8% dans le champ Murzuq) hérité de Saga Petroleum racheté par Norsk Hydro en 1999.

Avant son rachat, Saga avait signé en Libye “des accords de conseil” afin de faciliter l’obtention de droits de prospection, relate Norsk Hydro.

Norsk Hydro affirme avoir mis fin à ces engagements et rejeté des droits d’exploration qui lui étaient offerts “parce que le groupe ne pouvait s’assurer que ces accords étaient conformes à ses propres règles éthiques”.

Le groupe norvégien avait cependant versé 6,85 millions de dollars en 2000 et 2001 pour solder ces accords, et également réalisé un paiement suspect de 300.000 dollars en décembre 2000.

Ces versements vont à présent faire l’objet d’une enquête à la demande de StatoilHydro, qui dit avoir pris connaissance de ces informations le 26 septembre, à quelques jours seulement du bouclage de la fusion.

L’enquête sera conduite par le cabinet d’avocats américain Sullivan & Cromwell et par un cabinet norvégien.

L’affaire rappelle celle qui avait coûté son poste au directeur général de Statoil, Olav Fjell, il y a quelques années.

En 2004, Statoil avait été accusé de tentative de trafic d’influence en Iran. Le groupe avait signé deux ans plus tôt un contrat de 15,2 millions de dollars avec Horton Investments, un cabinet de consultants soupçonné d’avoir fait office de société-écran pour verser des pots-de-vin à un responsable iranien.

 01/10/2007 11:15:28 – © 2007 AFP