[01/10/2007 10:09:47] PARIS (AFP) L’encyclopédie en ligne Wikipedia, cible de critiques récurrentes sur sa fiabilité, travaille à améliorer la qualité de ses informations tout en préservant l’esprit de cet ouvrage communautaire gratuit, a expliqué à l’AFP Florence Devouard, à la tête de la Fondation Wikimedia. “Nous venons d’ouvrir un site de réflexion, quality.wikimedia.org, pour avancer sur cette voie”, déclare cette Française de 38 ans qui préside le conseil d’administration de la fondation gestionnaire de Wikipedia. “Au fil des ans, la qualité des articles, rédigés et modifiés par les internautes, s’est accrue. Mais elle est susceptible de se dégrader sur un simple ajout. Nous travaillons donc sur la stabilité de l’information”, relève Florence Devouard, qui a succédé au fondateur américain de Wikimedia Jimmy Wales en octobre 2006, et pilote la Fondation depuis un petit village du Puy-de-Dôme, Malintrat. Un système de “flag” (bannière) à apposer sur les articles “de qualité” est à l’étude. Mais faut-il que l’internaute tombe d’abord sur la version vérifiée ou bien sur la version la plus récente ? Et qui sera habilité à apposer cette estampille ? Cela suscite de vastes débats. Chaque communauté Wikipedia a sa sensibilité propre. Les Allemands sont en pointe sur la question de la fiabilité et semblent prêts à accepter une certaine hiérarchie au sein des contributeurs. C’est moins le cas chez les Français et les Britanniques. Depuis son lancement en 2001, le succès de l’encyclopédie multilingue, qui refuse d’être financée par la publicité, ne se dément pas. “Nous existons dans plus de 200 langues et comptons plus de 100.000 articles dans près d’une quinzaine de langues”, déclare Mme Devouard, ingénieur agronome de formation et actuellement mère au foyer. Wikipedia recense 8 millions d’articles, dont un quart en langue anglaise. L’Allemand est second, devant le Français. Pourtant plusieurs histoires récentes ont mis en avant la fragilité de l’information sur Wikipedia. Un jeune américain, Virgil Griffith vient d’inventer un logiciel, le wikiscanner, permettant de retrouver l’identité des ordinateurs depuis lesquels ont été opérées des modifications. Il a ainsi établi que des articles avaient été été changés depuis des ordinateurs de la CIA, du Vatican ou du Congrès. “Cela ne nous a pas appris grand-chose”, affirme Mme Devouard. L’historique de tous les changements dans un article est par principe conservé. “Simplement, avec Wikiscanner, les adresses IP sont regroupées par type d’entreprise ou d’institution, ce qui met mieux en évidence les interventions des uns ou des autres”, ajoute-t-elle. “Avant, ils ne savaient pas qu’on savait. Maintenant, ceux qui veulent nous manipuler agiront depuis un café internet”, considère Mme Devouard. En France, des étudiants de l’école de journalisme de Sciences-Po ont publié récemment une étude sur les faiblesses de Wikipedia. Ils ont inséré volontairement des erreurs, qui n’ont été corrigées qu’au bout d’un certain temps, parfois plusieurs semaines. Les membres de Wikipedia sont constamment à l’affût des “vandales” qui détériorent l’information. Les biographies de personnes vivantes sont des sujets particulièrement sensibles. “Actuellement, par exemple, nous avons dû geler un article sur un journaliste britannique qui protestait car il était mis en cause par un internaute. Nous avons ôté les passages controversés ou non sourcés”, indique Mme Devouard. “Souvent, des personnes aimeraient que l’on retire leur biographie de l’encyclopédie. Mais on refuse à partir du moment où elles ont un peu de notoriété”, souligne-t-elle. |
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