[02/10/2007 13:30:47] LONDRES (AFP) Les Bourses ont renoué ces jours-ci avec l’optimisme en dépit de l’annonce par plusieurs grandes banques de pertes importantes liées à la crise des crédits “subprimes”, mais celle-ci est loin d’être terminée et pourrait vite se rappeler à leur mémoire, préviennent des économistes. Wall Street a touché lundi de nouveaux records tandis que les places européennes se sont largement remises de la chute qui les avait également frappées au coeur de l’été, comme si la crise des prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis (“subprimes”) n’était plus qu’un mauvais souvenir dans l’esprit des investisseurs. L’ancien gardien de la finance américaine, l’ex-président de la Réserve fédérale Alan Greenspan, a lui-même suggéré lundi que les turbulences des marchés étaient “peut-être” arrivées à leur fin. Les analystes financiers ont en outre globalement relativisé les avertissements sur résultats simultanés de trois grandes banques d’affaires, les helvétiques Credit Suisse et UBS et l’américaine Citigroup, estimant que les pertes ou manques à gagner qu’elles ont essuyés du fait de la crise des subprimes n’étaient qu’un problème passager, et que leurs perspectives s’éclaircissaient. En fait, le moral des investisseurs paraît avoir été regonflé par une autre nouvelle qui a fait passer au second plan les déboires des banques et l’accumulation des mauvaises nouvelles économiques. “Les marchés boursiers sont dopés par la baisse des taux d’intérêt déjà annoncée et l’espoir d’une diminution supplémentaire” de ces taux aux Etats-Unis, tandis qu’en Europe, “les craintes d’un relèvement des taux de la BCE et de la Banque d’Angleterre ont laissé place à des attentes de baisse”, explique à l’AFP Howard Archer, chef économiste au cabinet londonien Global Insight. Même si les banques centrales ne consentent en général à baisser leurs taux qu’en cas de risques de dégradation de l’économie, une telle réduction du loyer de l’argent constitue un puissant stimulant pour les marchés actions, dans la mesure où elle laisse espérer aux investisseurs une relance de la consommation et de la croissance. “Cependant, je me demande si les investisseurs ne sont pas en train de s’enflammer, car la crise du crédit et le problème des prêts immobiliers risqués sont toujours là et ne vont pas disparaître de sitôt, et l’on pourrait bien essuyer de nouveaux chocs dans les prochains mois”, en dépit de l’action des banques centrales, prévient Howard Archer. Hausse des indices boursiers, détente sur le marché du crédit…: “les marchés reviennent à la normale, mais les dégâts pourraient bien tout juste commencer à se faire sentir sur l’économie”, abonde Mitul Kotecha, économiste à la banque Calyon. “Beaucoup d’institutions financières, dont les profits ont été entamés par la hausse de leurs coûts de financement, ont durci les conditions auxquelles elles prêtent de l’argent aux entreprises et aux particuliers, ce qui va à son tour affecter négativement la consommation”, a-t-il estimé. Et ce, en plein retournement du marché immobilier américain. Or “tout choc sévère sur le marché immobilier ne manquera pas de se transmettre au reste de l’économie”, en affectant la consommation des ménages et les bénéfices des entreprises, et “les marchés ne peuvent donc ignorer que jusqu’à un certain point ce qui se passe au niveau l’économie réelle”, estime M. Archer, qui met en garde contre un possible de retour de bâton pour les investisseurs dans les semaines ou les mois qui viennent. |
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