[02/10/2007 23:49:53] MOSCOU (AFP) Le géant gazier russe Gazprom, invoquant de lourds impayés, a une nouvelle fois brandi mardi la menace gazière à l’encontre de l’Ukraine au moment où celle-ci est plongée dans l’incertitude politique après les élections législatives de dimanche. “En vue de l’approche du pic de consommation de gaz en automne-hiver et compte-tenu du non respect systématique des accords en vigueur par la partie ukrainienne, Gazprom sera obligé, au cas où la dette ne serait pas réglée en octobre, de commencer la réduction des livraisons de gaz naturel aux consommateurs ukrainiens”, selon un communiqué de Gazprom. L’ardoise dépasse actuellement les 1,3 milliard de dollars, affirme Gazprom, ajoutant que la partie russe “de son côté remplit totalement sa part du contrat”. La compagnie d’Etat ukrainienne Naftogaz s’est dit “surprise” de cette annonce. “Nous ne comprenons pas du tout d’où sort ce chiffre” de 1,3 milliard, a déclaré à l’AFP son porte-parole, Olexi Fiodorov. Une source proche des autorités ukrainiennes a aussitôt interprété cette menace comme un “avertissement à Ioulia Timochenko”, pro-occidentale, égérie de la “Révolution orange” de 2004 et possible prochain Premier ministre, qui est vue d’un mauvais oeil par Moscou. Les partenaires européens, dont la Commission européenne, ont été “informés” de la situation, a précisé Gazprom. Près du quart du gaz consommé par l’UE provient de Russie, dont les quatre cinquièmes transitent par l’Ukraine. La première crise gazière entre Moscou et Kiev s’était traduite par des perturbations de l’approvisionnement occidental. A Bruxelles, la Commission européenne a exhorté les deux parties à trouver “un règlement rapide” à la nouvelle crise gazière. Un porte-parole de Gazprom Export, Ilya Kochevrine, a précisé lors d’une conférence téléphonique que les négociations continuaient avec la partie ukrainienne et indiqué “espérer une issue favorable”. Il a en outre réfuté tout lien entre cet avertissement et la situation politique en Ukraine, où la situation demeure indécise deux jours après la tenue des élections législatives, les pro-occidentaux ne détenant qu’une infime avance sur les pro-russes selon les derniers résultats partiels. “Il s’agit d’un problème purement commercial”, a déclaré M. Kochevrine. Gazprom s’est d’ailleurs efforcé de ne pas aborder le sujet avant et durant les élections afin d’éviter de prêter le flanc à des “accusations” de “tentatives d’influencer le résultat de l’élection”, selon lui. “Mais avec l’approche de l’automne et la hausse de la consommation, nous devons absolument régler les problèmes liées au non-paiement” du gaz, a-t-il assuré. “De toute évidence, il n’y a jamais de bon moment” pour aborder de tels sujets, a-t-il noté. M. Kochevrine a rappelé en outre que Gazprom dispose à présent de contrats distincts pour l’approvisionnement et pour le transit de gaz en Ukraine, si bien que selon lui “il ne devrait pas y avoir de perturbation des volumes en transit”. Selon Gazprom, le prix convenu pour l’Ukraine en 2007 “tient entièrement compte de (sa) capacité de paiement”. Ce prix est de 130 dollars les 1.000 m3 de gaz en 2007. Le porte-parole n’a toutefois pas exclu de nouvelles hausses en 2008. “Cela dépendra des conditions du marché”, a-t-il dit. L’Ukraine n’en est pas à son premier conflit gazier avec Gazprom : en janvier 2006, elle avait été la première à se frotter à la détermination russe à faire payer son gaz au prix fort. Après un long bras de fer et une courte rupture des livraisons, Kiev avait dû se résoudre à une forte augmentation de sa facture. Depuis, d’autres ex-républiques soviétiques ont dû s’incliner à leur tour. La dernière en date est le Bélarus, lui aussi sommé début août de payer ses dettes. |
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