[03/10/2007 15:14:35] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a redonné son feu vert mercredi à l’union des maisons de disques Sony et BMG, au grand dam des labels indépendants qui l’avaient contrainte à rouvrir une enquête car ils s’inquiètent de possibles abus de position dominante. “Cette fusion ne menace pas la concurrence et nous l’avons donc autorisée sans conditions”, a résumé la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes lors d’une conférence de presse. Le cas était pour le moins exceptionnel: le mariage entre Sony Music, filiale du géant japonais de l’électronique grand public Sony, et BMG, pôle musique du groupe de médias allemand Bertelsmann, pour créer l’une des deux plus grandes maisons de disques au monde, avait déjà été béni en 2004 par Bruxelles et est consommé depuis longtemps. Mais le premier feu vert de Bruxelles a été annulé en 2006 par la Cour européenne de justice (CEJ), saisie par des producteurs indépendants réunis dans l’association Impala et inquiets de la réduction de cinq à quatre (EMI, Warner, Universal et Sony-BMG) du nombre de majors qui se répartissent 80% du marché européen du disque. La Commission elle-même avait soulevé des arguments similaires lors de la tentative avortée de fusion entre deux autres majors du disque, EMI et Warner. Mais dans le cas de Sony-BMG, elle a estimé ne pas pouvoir étayer suffisamment un veto. Déjà recalée pour arguments insuffisants à trois reprises par la CEJ, pour l’interdiction des fusions Schneider/Legrand, Airtours/First Choice et Sidel/Tetra Laval, Bruxelles n’avait pas voulu prendre de risques et avait autorisé Sony et BMG à se marier. Après l’annulation de la CEJ, Bruxelles a donc repris sa copie mais sans la revoir. Mercredi, Neelie Kroes s’est surtout attachée à montrer que ses services avaient bien fait leur travail, avec une nouvelle enquête beaucoup plus approfondie que la première. Le cas a été “réexaminé d’un bout à l’autre, en regardant non seulement ce qui était susceptible d’arriver sur les marchés, mais ce qui s’est réellement passé entre 2004 et aujourd’hui”, a insisté la commissaire, faisant état d’une “analyse extrêmement détaillée” de “millions de données”. Outre la musique enregistrée sur des supports physiques tels que CDs et cassettes, le champ de l’enquête a aussi été élargi aux téléchargements en ligne, qui en étaient encore à leurs balbutiements lors de la première décision mais qui ont depuis, connu un véritable boom. Tout cela pour en revenir à la même conclusion: Bruxelles dit n’avoir trouvé aucun indice de risques pour la concurrence. Une “décision bizarre” et “indéfendable”, ont immédiatement réagi les labels indépendants de l’association Impala. L’affaire est loin d’être réglée. Impala demande que les méthodes de travail de la Commission soient passées en revue et se réserve “l’option de faire appel” devant la justice européenne et “de demander des dommages-intérêts à la Commission”. “Il y a des preuves plus que suffisantes que quelque chose n’est pas normal”, a commenté une porte-parole de l’association. Mettre un veto à une fusion déjà bouclée était difficilement concevable. Mais Impala espérait que Bruxelles assortisse cette fois son feu vert de conditions, et avait suggéré entre autres des désinvestissements significatifs de la part de Sony-BMG, selon la porte-parole. Bruxelles avait posé de telles conditions lors du rachat par la major Universal (groupe Vivendi) du catalogue de droits d’édition musicale BMG Music Publishing. |
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