[04/10/2007 13:56:10] TOKYO (AFP) Le deuxième opérateur mobile nippon KDDI a annoncé jeudi qu’il allait réduire de 20 à 30% les prix des communications, une mesure qui fait craindre aux économistes une brusque aggravation de la déflation qui continue de sévir au Japon. A partir de novembre, KDDI va réduire les tarifs des appels de 20 à 30% en contrepartie d’une augmentation des prix des téléphones, lesquels sont jusqu’à présent offerts presque gratuitement par l’opérateur à ses abonnés. Le numéro un du secteur, le géant NTT DoCoMo, envisage une mesure similaire en application d’une directive gouvernementale, a indiqué une porte-parole. Le gouvernement nippon souhaite faire cesser, à terme, la pratique des subventions des terminaux mobiles par les opérateurs. Il a appelé ces derniers à faire payer les téléphones par les abonnés, quitte à compenser en pratiquant des baisses dans les prix des communications. A cela s’ajoute la guerre tarifaire sans merci à laquelle se livrent NTT DoCoMo, KDDI et Softbank Mobile depuis octobre 2006, date depuis laquelle les abonnés japonais peuvent changer d’opérateur tout en conservant leur numéro. Cette baisse continuelle des tarifs des communications mobiles, ainsi que la concurrence féroce qui fait également dégringoler les prix dans le secteur de l’électronique grand public, sont les principales raisons pour lesquelles la déflation persiste au Japon. Les prix à la consommation dans l’Archipel ont encore reculé de 0,1% en août, leur septième baisse mensuelle consécutive. Selon les économistes, l’abaissement des prix par KDDI, groupe qui compte plus de 29 millions d’abonnés, risque d’aggraver encore ce phénomène. “Cela dépend de ce que fera le gouvernement. S’il décide de prendre en compte le nouveau plan tarifaire dans le calcul de l’inflation, cela amputera l’indice des prix à la consommation de 0,4 point de pourcentage au maximum”, a ainsi estimé Noriaki Haseyama, économiste au Daiichi Life Research Institute. Selon lui, l’impact pourrait se faire sentir pendant environ un an. La chute des prix à la consommation pourrait même être beaucoup plus prononcée si les concurrents de KDDI adoptent des mesures similaires, a averti pour sa part Mamoru Yamazaki, économiste chez RBS Securities. “Si NTT DoCoMo et Softbank suivent le mouvement, l’événement pourrait ôter 0,6 point de pourcentage à l’indice des prix à la consommation. Alors qu’une hausse des prix des terminaux ne peut gonfler ce chiffre que de 0,1 point tout au plus”, a-t-il calculé. Plus optimiste, Keiko Kanda, du Daiwa Institute of Research, estime que l’impact de la baisse des prix des appels “sera important s’il est pris en compte dans le calcul de l’indice des prix à la consommation, mais la hausse des prix de l’énergie pourrait compenser cet effet”. La déflation, phénomène pernicieux qui décourage l’investissement, aggrave l’endettement des ménages et des entreprises et retarde les dépenses de consommation, a déjà sévi au Japon entre l’été 1998 et la fin 2005. Pour combattre cette déflation, la Banque du Japon (BoJ) avait adopté en 2001 une politique de taux d’intérêt zéro, à laquelle elle a mis fin en juillet 2006. L’institut d’émission ne cache pas son impatience de relever graduellement le loyer de l’argent au Japon, le plus bas du monde industrialisé (0,5%), mais le fait que l’inflation refuse obstinément de décoller est de nature à l’inciter à la prudence. |
||
|