[05/10/2007 10:22:52] LONDRES (AFP) Un afflux d’argent spéculatif, la faiblesse du billet vert, une demande toujours robuste et les problèmes d’approvisionnement affectant certaines filières ont conspiré depuis quelques semaines à faire grimper les prix des matières premières. A la mi-août, tous les marchés de matières premières dévissaient, embarqués dans la tourmente de la crise des “subprimes”. Un mois et demi plus tard, la correction semble un mauvais souvenir. Les cours ont retrouvé leur niveau d’avant la crise et certaines “commodities” jouent même les stars. L’or touche des sommets depuis 27 ans, le pétrole s’échange à des niveaux record, aux environs de 80 dollars le baril, et le boisseau de blé n’a jamais coûté aussi cher. Même les métaux de base ont profité du mouvement. A plus de 3.600 dollars la tonne, un prix jamais vu, le plomb vaut presque… de l’or. Témoin de la hausse, l’indice Commodities Research Bureau (CRB) a grimpé d’environ 10% en six semaines, et il a touché fin septembre un plus haut depuis août 2006. La santé florissante de ces marchés tient d’abord à l’attrait que les spéculateurs leur trouvent depuis un mois. “Les fonds spéculatifs ont accru leur participation dans les métaux, surtout les précieux, mais le mouvement a même atteint le cuivre”, a observé Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. Dans un contexte turbulent, les investisseurs ont joué la diversification, cherchant presque refuge dans les matières premières. “Les investisseurs ont cherché des destinations alternatives (aux actions et obligations par exemple), sachant que l’insécurité était plus grande ailleurs sur les marchés financiers”, explique Helen Henton, analyste chez Standard Chartered. Reine des valeurs refuge, l’or a ainsi profité à plein de son double statut de “commodity” et de placement sûr. La déconfiture du dollar, tombé à 1,4283 dollar contre un euro lundi, a aussi participé à l’embellie. Les investisseurs hors zone dollar profitent de leur pouvoir d’achat renforcé pour bourrer leurs portefeuilles de ces actifs cotés, pour la plupart, en dollars. De manière frappante, des pics de l’or ou du pétrole ont ainsi coïncidé avec des records de l’euro. Du côté de la demande, l’horizon est dégagé: l’appétit de la planète pour les matières premières ne semble pas faiblir. “Les fondamentaux de la plupart des métaux de base paraisssent encore très solides, et bien plus influencés par l’économie chinoise que par celle des Etats-Unis”, estiment ainsi les analystes de Barclays Capital. Dans ce contexte, la moindre moindre tension sur l’offre pousse les prix. Ainsi, les prix du blé ont doublé cette année, après des récoltes maigres dans l’hémisphère nord, pour cause de mauvaise météo, et à la perspective de moissons modestes en Australie. L’envolée des prix du plomb a été poussée elle aussi par des problèmes d’approvisionnement, notamment en provenance d’Australie. Obtiendra-t-on cette année un mouvement comparable au boom de l’année dernière? Les analystes restent prudents. “Selon moi, nous sommes en haut d’un cycle”, estime ainsi Olivier Jakob. “A mon sens, le prix du pétrole est par exemple beaucoup trop élevé”, ajoute-t-il. Et pour les métaux, des signes de “reconstitution des stocks et d’une amélioration de l’offre” se font jour, signale Helen Henton. De plus, une menace pèse sur les marchés de matières premières: si la crise financière, qui frappe l’Europe et les Etats-Unis depuis cet été, se propageait à l’ensemble de l’économie, le monde pourrait bien se mettre au régime. |
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