[05/10/2007 13:15:27] RENNES (AFP) Les éleveurs de porcs traversent une zone de turbulence “sans précédent” selon eux, confrontés à la flambée des prix du fourrage, la baisse des cours du porc et aux mises en garde de Bruxelles sur les pollutions agricoles. La “sonnette d’alarme” a été tirée cette semaine par les fédérations régionales des syndicats agricoles de Bretagne, des Pays de la Loire et de Basse-Normandie, trois régions d’où sortent 70% des porcs français. “On perd 25 à 30 euros par porc abattu. C’est la crise la plus grave qu’on n’ait jamais connue. Les anciens le disent”, affirme Jeff Trebaol, président de la section porcine de la FRSEA de Bretagne. Certes le cours de la viande sur le Marché du porc breton (MPB) de Plérin (Côtes d’Armor), référence au niveau national, n’est pas tombé aussi bas qu’en 2003, la dernière grande crise porcine. Il s’établissait à 1,164 euro le kg jeudi. Mais la flambée des prix des céréales, principales sources d’alimentation du bétail, a augmenté le coût de production moyen à 1,57 euro le kg, selon la FNSEA. Cette “crise en ciseaux” n’affecte pas les éleveurs bovins car le marché manque de lait alors que le porc européen est en légère surproduction. La FNSEA réclame des aides à l’exportation de Bruxelles afin de “diminuer l’offre européenne et satisfaire les marchés asiatiques”, selon M. Trebaol, pour qui l’euro fort et des normes sanitaires plus strictes que celles des concurrents handicapent les éleveurs français. En attendant, le principal syndicat agricole se tourne vers la grande distribution et demande une hausse des prix d’achat au producteur. “La grande distribution en a les moyens”, affirme Paul Auffray, secrétaire général de la section porcine de la FNSEA. Car il “n’est pas possible” que “du jambon sous vide acheté 3 à 4 euros/kg au producteur soit revendu 15 euros aux consommateurs”. Mais pour Pierre Brosseau, président de la section porc de la Confédération paysanne, “la grande distribution est un bouc émissaire”. “Le problème est lié à la guerre des prix que se livrent les coopératives entre elles au lieu de s’asseoir à la même table pour s’organiser face à la grande distribution”. Pour cet éleveur des Pays de la Loire, le redressement du marché passe en outre par une baisse des quantités produites. “Baisser la production? La production allemande de porc affiche une croissance de 9% vous croyez qu’on va les regarder ?”, bondit Paul Auffray. Au delà de la situation économique, les producteurs porcins doivent s’adapter au renforcement de la surveillance des élevages sur le plan environnemental, lié notamment aux rappels à l’ordre de Bruxelles sur la pollution des eaux en Bretagne. Les éleveurs estiment “avoir déjà fait beaucoup d’efforts” pour réduire l’épandage d’azote, contenue dans les déjections animales et à l’origine d’excès de nitrates dans les rivières, selon M. Auffray. Dénonçant “une période d’activisme écologique aveugle”, le responsable syndical affirme qu'”on ne produira jamais du porc ou du blé avec de l’eau claire”. Dernière illustration en date du bras de fer entre écologistes et agriculteurs, le président du Marché du porc breton a été condamné jeudi à six mois de prison avec sursis et 7.500 euros d’amende pour avoir provoqué une pollution des eaux par le déversement accidentel de lisier. Il s’agissait de sa quatrième condamnation pour des affaires similaires. |
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