[05/10/2007 14:08:27] BERLIN (AFP) Le petit syndicat des conducteurs de trains GDL a semé vendredi la pagaille sur les lignes de chemins de fer allemandes avec des débrayages ponctuels, qui pourraient n’être que l’avant-goût d’une mobilisation dure et de longue durée. Une porte-parole de GDL a ainsi fait savoir vendredi que les débrayages pourraient reprendre lundi prochain. En revanche, aucune perturbation n’est prévue pendant le week-end. Selon la compagnie publique de chemins de fer Deutsche Bahn, plus de la moitié des 40.000 trains quotidiens circulant en Allemagne ont pu rouler, malgré le débrayage entre 06h00 GMT et 09h00 GMT des 8.000 pilotes affiliés à GDL. La grève “n’a pas paralysé” le trafic, a affirmé la directrice du personnel de Deutsche Bahn, Margret Suckale. C’est surtout une décision de justice de dernière minute qui a évité le chaos total dans les gares allemandes, où transitent chaque jour 10 millions de personnes, un record en Europe. Saisi par la Deutsche Bahn, le tribunal du travail de Chemnitz (est) avait décidé vendredi matin que les conducteurs de train ne pourraient pas faire grève sur les grandes lignes et sur le fret. Ce sont donc avant tout les liaisons régionales et les trains de banlieue qui ont été affectés. Dans les faits toutefois, la mise en place d’un “plan d’urgence” par Deutsche Bahn a aussi perturbé les liaisons nationales. Ce jugement a été critiqué vendredi par plusieurs syndicats, qui ont estimé que la justice ne devait pas se mêler des négociations salariales. La grande confédération syndicale DGB a ainsi prévenu que “le droit de grève devait rester intouchable.” La dernière grande grève des chemins de fer allemands en 1992 avait duré une dizaine de jours. Le syndicat des conducteurs a reproché à la compagnie d’avoir elle-même “semé le chaos” en supprimant des trains de sa propre initiative, a protesté vendredi Frank Schmidt, responsable de GDL pour l’Etat régional de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest). Deutsche Bahn de son côté a accusé les adhérents de GDL d’avoir “fait massivement pression sur d’autres conducteurs pour qu’ils cessent le travail” et “s’est vu contrainte de leur interdire l’accès aux quais”, selon un communiqué. L’entreprise estime que les débrayages lui coûtent plus d’un million d’euros par jour. Le ton monte inexorablement depuis des mois entre la compagnie et GDL. Le petit syndicat a décidé de faire cavalier seul et de rompre avec la tradition sociale de l’entreprise, qui prévoit que les négociations salariales sont menées avec deux syndicats majoritaires, Transnet et DGBA. Alors que Deutsche Bahn et ces deux organisations se sont mises d’accord l’été dernier sur une hausse de salaire de 4,5% pour 134.000 salariés des chemins de fer en Allemagne, GDL réclame une hausse de jusqu’à 31% des salaires d’entrée pour les conducteurs et une convention collective séparée. Ce dont la compagnie de chemins de fer ne veut pas entendre parler. Deutsche Bahn avait proposé la semaine dernière une revalorisation de 10% de la rémunération des conducteurs, rejetée par GDL. La compagnie de chemins de fer se dit prête à soutenir un siège de longue durée: “La Bahn peut résister très, très longtemps”, a dit vendredi Margret Suckale. Elle a appelé GDL à revenir à la table des négociations, tout en maintenant la proposition d’une hausse de 10% des salaires. Dans ce bras de fer, les conducteurs de train peuvent compter jusqu’ici sur une relative bienveillance de la part des Allemands: selon un sondage infratest-dimap publié vendredi, 57% d’entre eux ont de la compréhension pour eux. Mais cette sympathie s’érode à grande vitesse: en juillet dernier, ils étaient encore 71% à soutenir les revendications de GDL. |
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