Avec Padoa-Schioppa au FMI, le statu quo l’emporte encore sur la réforme

 
 
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Tommaso Padoa-Schioppa, lors d’une conférence de presse à Rome le 29 septembre 2007 (Photo : Alberto Pizzoli)

[07/10/2007 06:41:48] WASHINGTON (AFP) La nomination de l’Italien Padoa-Schioppa à la tête de l’instance politique dirigeante du Fonds monétaire international marque un nouveau raté pour la réforme de l’institution, traditionnelle chasse-gardée européenne.

“Une fois encore, le G7 et les Européens ont laissé les vieux privilèges et les habitudes l’emporter”, regrette Nancy Birdsall, présidente du Centre pour le développement mondial (CGD).

Le ministre italien de l’Economie a été officiellement désigné vendredi directeur du comité monétaire et financier international (CMFI), la structure en charge de la surveillance du système financier de la planète.

Il s’agit du deuxième Européen porté en une semaine à la tête des organes de direction du FMI, après la nomination du Français Dominique Strauss-Kahn comme directeur général.

C’est une défaite pour les pays émergents qui souhaitent peser davantage sur la stratégie du Fonds.

Ce triomphe du statu quo s’explique tant par la résistance des grands actionnaires – Etats-Unis et Europe – que par l’incapacité des pays émergents à faire front commun.

Dans le dernier round de négociations particulièrement opaques, M. Padoa-Schioppa l’a emporté sur le ministre canadien des Finances Jim Flaherty.

Mais les deux hommes avait eu préalablement raison d’un candidat issu des pays émergents, le ministre indien des Finances Palaniappan Chidambaram.

“Manifestement, la bataille a été féroce”, commente Edwin Truman, chercheur au Peterson Institute for International Economics.

Mais “apparemment le candidat indien n’a pas eu le moindre soutien”, constate-t-il, y compris parmi les pays émergents.

La candidature inédite de M. Chidambaram avait pourtant nourri l’espoir des partisans d’une ouverture des instances dirigeants du Fonds à des personnalités issues des nouvelles puissances économiques.

Mais, comme lors de la nomination de M. Srauss-Kahn, la tradition a été respectée.

Au terme d’une règle non écrite, datant de la création des deux institutions en 1944, les Etats-Unis désignent le président de la Banque mondiale, tandis que les Européens ont la main sur le FMI.

Le prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz, ancien chef économiste de la Banque mondiale, a vigoureusement critiqué cette fâcheuse coutume.

“Le problème est que le FMI ne se conforme pas à ce que tout le monde considère aujourd’hui comme les meilleures pratiques démocratiques. Il est toujours dirigé comme (…) il l’était il y a 60 ans au moment de sa création”, a-t-il déclaré, dans un entretien diffusé vendredi sur la chaîne France 24.

“Le G7, et dans ce cas précis les Européens, mettent la tête dans le sable”, renchérit Mme Birdsall. “M. Padoa-Schioppa est un économiste et un ministre des Finances remarquable, mais M. Chidambaram aussi”, souligne-t-elle.

Selon le Financial Times, M. Padoa-Schioppa devrait toutefois être le dernier Européen à occuper ces fonctions avant longtemps. Ayant accepté un mandat limité à trois ans, son poste devrait ensuite être attribué, par roulement, à des candidats issus d’autres régions du monde.

 07/10/2007 06:41:48 – © 2007 AFP