Avec 9 millions de clients, les cabines publiques françaises ont la vie dure

 
 
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Des cabines téléphoniques à Caen (Photo : Mychele Daniau)

[07/10/2007 09:50:38] PARIS (AFP) Les cabines téléphoniques n’ont pas dit leur dernier mot en France: on en compte encore près de 170.000, séduisant les populations à bas revenus et les étrangers, soit 9 millions d’utilisateurs, mais France Télécom peine à y implanter de nouveaux services.

“Ce n’est pas très rentable mais nous ne perdons pas d’argent, donc notre stratégie c’est que tant que notre modèle économique tient la route, on ne voit pas pourquoi on ne rendrait pas ce service à nos concitoyens”, explique Danielle Malbec, directrice de la publiphonie à France Télécom.

En dix ans, le nombre de téléphones publics est passé de 211.000 à 166.000, dont 108.000 dans les rues et 58.000 en sites publics protégés (gares, galeries marchandes, cafés). France Télécom a l’obligation légale d’en garder au moins 45.600 sur tout le territoire.

Avec une cabine pour 360 habitants, la France est derrière l’Italie (une pour 330) mais mieux lotie que l’Allemagne (une pour 750), la Belgique (une pour 1.330) ou la Suède (une pour 2.000).

“En France, l’usage a beaucoup plus baissé que le nombre de téléphones publics implantés”, estime Mme Malbec. Selon l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep), leur chiffre d’affaires a baissé de 20% en 2006 à 176 millions d’euros, pour un volume d’appels en baisse de 24%.

Cette année, France Télécom compte en démonter environ 8.000, passées sous le seuil fatidique des 5 minutes d’appel par jour.

Pourtant les clients sont toujours là: neuf millions de personnes ont utilisé au moins une fois une cabine en 2006.

“La cabine publique est rassurante, pour dépanner, les tarifs sont homologués donc pas chers, on peut appeler les services de secours gratuitement, elle fonctionne tout le temps, même en cas de panne de courant”, détaille Mme Malbec. “Elle fait partie du paysage!”.

Parmi ses plus gros adeptes, de manière surprenante: les 15-35 ans, surtout ceux qui ont peu de revenus mais très envie de parler. Ces clients, dont 85% ont un mobile, utilisent la cabine pour compléter leur forfait ou être rappelés aussitôt.

Les appels à l’international, avec des cartes à code, sont également importants, mais confinés aux “endroits touristiques ou fréquentés par les étrangers comme les aéroports et gares” et aux “zones de forte implantation de population immigrée”.

L’opérateur historique interroge chaque année 300 à 400 utilisateurs réguliers. “Quand on leur demande la cabine de demain, ils imaginent des habitacles extraordinaires!” sourit Mme Malbec.

Dans la réalité, France Télécom peine à moderniser son offre: “on a des velléités de chercher des services nouveaux, mais c’est assez difficile”.

C’est le cas des bornes internet en libre-service, tentées depuis 2002 par l’opérateur, mais avec prudence (seulement 700 bornes) au vu des expériences étrangères: BT, qui en a lancé en Grande-Bretagne, a abandonné.

“Il n’y a pas d’usage internet dans les sites fréquentés par le public, où on ne reste pas très longtemps”, et face à la “concurrence des cybercafés” reconnaît Mme Malbec.

France Télécom pense aussi à y installer des bornes wifi ou des publicités, mais cherche, pour les premières, un modèle économique, pour les deuxièmes, l’accord des municipalités.

L’idée est de trouver des “revenus complémentaires” pour garder les cabines plus longtemps et payer leur entretien: “le maintien de ce parc est assez lourd car nous avons des dégradations”, explique Mme Malbec, qui cite les combinés arrachés, les vitres cassées et les chewing-gums coincés dans les fentes des appareils.

 07/10/2007 09:50:38 – © 2007 AFP